Vendredi, la communauté internationale avait accentué la pression sur Laurent Gbagbo, le menaçant de sanctions s'il ne se décidait pas à quitter le pouvoir, presque trois semaines après l’élection présidentielle. La réponse, cinglante, ne s’est pas fait attendre : samedi, Laurent Gbagbo a exigé à son tour le départ "immédiat" des forces militaires étrangères présentes en Côte d’Ivoire.
Dans le détail, cet appel au départ "immédiat" concerne la mission de l'ONU dans le pays, l'Onuci, qui rassemble quelque 10.000 Casques bleus, ainsi que la force militaire française Licorne, soit 900 hommes environ.
Une accusation d'"ingérence grave"
L’ONU a "fait preuve d'ingérence grave dans les affaires intérieures de la Côte d'Ivoire", a affirmé la porte-parole du gouvernement Gbagbo. Une manière d’accuser l’ONU et la France d’avoir soutenu militairement Alassane Ouattara, l’adversaire de Laurent Gbagbo à la présidentielle, qui revendique lui aussi la victoire. Un des porte-parole de l'armée ivoirienne a quant à lui accusé, à la télévision, les Casques bleus de transporter dans leurs véhicules des hommes en armes favorables à Alassane Ouattara.
Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki Moon a immédiatement averti qu'il ne cèderait pas et a prévenu Gbagbo des conséquences qu'il devrait subir s'il lançait une attaque contre les Casques bleus.
Sur le terrain, notamment à Abidjan, la situation reste très tendue. Dans la nuit de vendredi à samedi, le siège de l'Opération des Nations unies a été pris pour cible et a essuyé des tirs de la part d'"hommes armés vêtus de tenues militaires". Des mercenaires sèment ainsi la terreur dans les rues de la ville pour décourager les éventuels manifestants. Des militaires sont enfin positionnés tout autour de l'Hôtel du Golf, où a trouvé refuge Alassane Ouattara.