La tension monte en Côte d'Ivoire. Les frontières ont été fermées "jusqu'à nouvel ordre" et les chaînes d'informations étrangères suspendues, ont annoncé l'armée et l'instance ivoirienne de régulation audiovisuelle. Des décisions qui font suite à l'annonce par le Conseil constitutionnel de l'invalidité des résultats de l'élection présidentielle.
Des résultats "pas valables"
Jeudi soir, quatre jours après le deuxième tour du scrutin, alors que la commission électorale indépendante (CEI) a proclamé Alassane Ouattara vainqueur de l'élection présidentielle, le Conseil constitutionnel a, en effet, invalidé les résultats. Bête noire du régime ivoirien, Alassane Ouattara, 68 ans, a été proclamé vainqueur de l'élection avec 54% des voix contre 46% pour le président sortant Laurent Gbagbo. Ce dernier avait aussitôt dénoncé la victoire de son rival après l'annonce de la CEI.
"Les résultats provisoires de la présidentielle du 28 novembre ne sont pas valables", a affirmé le président du Conseil constitutionnel, Paul Yao N'dré, sur la télévision publique. "La Commission électorale indépendante (CEI) a épuisé son délai (fixé à mercredi minuit) pour donner des résultats provisoires", a-t-il déclaré. "Dès cet instant, la CEI n'est plus à même de décider quoi que ce soit", a-t-il affirmé.
"La communauté internationale ne choisit pas le président des Ivoiriens, ce sont les Ivoiriens", a déclaré de son côté Pierre Kipre, l'ambassadeur de la Côte d'Ivoire en France, sur Europe 1. Le Conseil constitutionnel est le "seul habilité à proclamer les résultats" et le fera "dans les jours qui viennent".
"Un gouvernement d'union"
De son côté, Alassane Ouattara a appelé au "rassemblement pour la paix", dans sa première déclaration après l'annonce des résultats. S'exprimant dans un grand hôtel d'Abidjan, il a dit avoir "une pensée pour toutes les victimes de la longue crise" qui déchire le pays depuis une décennie.
Il a expliqué que son premier objectif serait de "rassembler la Nation autour des valeurs de paix, de pardon, de réconciliation et d'union". Il a aussi promis de former "un gouvernement d'union" rassemblant notamment les "différentes forces politiques".
Ce rebondissement intervient dans un contexte difficile. Depuis le second tour de l’élection présidentielle du 28 novembre, le pays est divisé en deux, entre les partisans de Laurent Gbagbo et ceux d’Alassane Ouattara. Dans la nuit de mardi à mercredi, cette rivalité avait pris un tour sanglant, avec l’attaque à Abidjan d’un bureau du candidat Ouattara, au cours de laquelle au moins huit personnes ont perdu la vie.