"Il y a des morts et des morts tous les jours". Le constat est terrible pour André*, un industriel français installé dans la capitale ivoirienne depuis une dizaine d’années et interrogé par Europe 1 jeudi, près de trois mois après le début de la crise née après la présidentielle. La situation se détériore depuis une semaine dans le pays.
"Là, c’est le début d’une guerre civile", estime-t-il :
Des combats ont éclaté jeudi dans l'ouest de la Côte d'Ivoire entre l'armée fidèle au président sortant Laurent Gbagbo et l'ex-rébellion alliée à son rival Alassane Ouattara, soutenu par la communauté international. A Abidjan, certains habitants fuient par centaines le quartier d’Abobo, pro-Ouattara, après de violents affrontements.
Quinze personnes ont été tuées dans des violences durant la semaine écoulée en Côte d'Ivoire, particulièrement dans la capitale. La ville est le théâtre d'affrontements entre forces fidèles au président sortant et partisans d'Alassane Ouattara. L'Onu a déploré "la recrudescence de la violence particulièrement dans certains quartiers d'Abidjan entre militaires et manifestants, avec utilisation d'armes lourdes, accroissant le nombre de morts". 315 morts auraient ainsi été recensés depuis la mi-décembre 2010.
"On redoute que ça s’embrase"
"Il y a des affrontements d’une violence extrême", assure André. "Il y a des morts et des morts tous les jours. Ca continue et on sait que ça risque de s’embraser à tout moment", déplore le Français. "On redoute que ça s’embrase d’un coup, que tous les quartiers s’embrasent, et à mon avis, ce sera difficilement contrôlable", juge cet industriel à Abidjan.
Trois mois après la présidentielle, Laurent Gbagbo s’accroche au pouvoir et au palais présidentielle alors qu’Alassane Ouattara reste retranché dans l’hôtel du Golfe. Pour l’homme d’affaires français, "la diplomatie a monté ses limites". Et, assure-t-il, "tout le monde sait qui est le vainqueur évidemment".
Pour départager les deux hommes, "il n’y a plus qu’une issue maintenant, c’est la violence", estime-t-il avant d’ajouter : "Je crois que le cycle a commencé, ça devrait très mal se finir".
*Le prénom a été modifié.