LA THÈSE. Juste avant que les écrans radar ne perdent le contact avec l’avion, les pilotes du vol Ouagadougou-Alger avaient demandé aux contrôleurs aériens à changer de trajectoire en raison de mauvaises conditions météo. François Hollande a évoqué vendredi des "hypothèses climatiques", sans écarter aucune thèse pour expliquer le crash de l’avion. Bernard Cazeneuve, ministre de l’Intérieur, avait déclaré un peu plus tôt que les conditions météorologiques constituaient "l’hypothèse la plus probable".
Pour autant, toutes les autres thèses ne peuvent être écartées, alors que l’enquête commence tout juste sur les lieux du crash. "L’avion s’est abîmé au moment où il s’est écrasé", a précisé Bernard Cazeneuve, ce qui semblerait écarter la piste de l’explosion en vol. Pour Gérard Arnoux, président du Comité de veille sur la sécurité aérienne, "on ne peut qu’observer la coïncidence entre le moment où les pilotes demandent à changer de route et le fait que l’avion ait disparu".
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Le précédent du West Carribean. Gérard Arnoux, ancien commandant de bord, rappelle le "cas du West Carribean", qui s’est écrasé "avec 150 Français en 2005". L’avion s’était abîmé dans une région montagneuse du Venezuela, en raison de mauvaises conditions météo. "Il y a toujours des facteurs aggravants, mais le point principal" était le mauvais temps, explique l'ancien pilote.
Pas de tempête de sable, mais de forts orages. Cependant, réctifie Gérard Arnoux, "il n’y a pas de tempête de sable à cette saison" dans cette région du Mali, "ou uniquement ponctuellement et à basse altitude". En effet, au mois de juillet, "nous sommes en saison des pluies, au Sahel, à une période où le front intertropical est pratiquement au plus haut". Cette convergence des alizées du nord et du sud explique "qu’il pleuve dans cette zone, où il ne pleut pas d’habitude". Ce phénomène météo, que les marins appellent "pot au noir", est "toujours accompagné d’orages", explique l’ancien pilote d’avion.
D’ailleurs, sur la carte météo de la zone, on observe une zone orageuse au nord du Burkina Faso, où les pilotes ont signalé des difficultés. Tout avion qui veut rejoindre le Maghreb depuis l’Afrique sub-saharienne doit passer par cette zone de turbulences, mais "il y a des points faibles, où l’on peut passer", explique Gérard Arnoux.
Impossible de mettre les mains sur la manette. Selon lui, "la météo peut détruire un avion, peut faire perdre le contrôle de l’avion au pilote". "Lors des turbulences les plus violentes, vous ne pouvez même pas lire vos instruments ou mettre les mains sur les manettes de gaz", se souvient l’ancien commandant de bord qui garde ouverte les autres thèses, comme celle de problèmes techniques. L’enquête qui est en cours sur la zone du crash devrait permettre de faire la lumière sur les circonstances de la catastrophe aérienne qui a fait 118 morts, dont 54 Français, et non 51 comme initialement indiqué.
"La météo peut détruire un avion"par Europe1fr