Un crash en zone de conflit. Comme lors du crash de l’avion de la Malaysia Airlines en Ukraine, l’appareil d’Air Algérie a terminé sa course en zone de conflit. Il a été retrouvé à la frontière du Burkina Faso, dans le nord du Mali, à une centaine de kilomètres de Gao, une "zone dangereuse" contrôlée par peu de gens, expliquait le journaliste spécialiste des questions de défense Didier François.
Quatre pays au moins sont particulièrement impliqués dans la disparition de l’appareil : l’Algérie, le Mali, le Burkina Faso et la France, qui a perdu 54 de ses ressortissants dans la catastrophe.
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Le Mali en charge. Dès jeudi, le ministre malien des Transports, Mamadou Hachim, a confirmé que "c’est le Mali qui dirigera l’enquête". En effet, selon les règles internationales de l’aviation civile, les investigations reviennent au pays dans lequel s’est crashé l’avion. Dans le cas du MH17, la situation était différente, puisque la zone de recherches est contrôlée par des séparatistes. Kiev avait donc délégué l’enquête à l’Organisation de l’aviation civile internationale.
Français et Bukinabés sur place. Pour autant, les autorités maliennes ne seront pas seules sur le lieu du drame. Les Français et les Burkinabés se disputent la découverte de l’épave. Les militaires des deux pays, engagés respectivement dans l’opération Barkhane et la Minusma, se sont rapidement rendus près de Gao et ont sécurisé le site et les restes de l’appareil. L’armée française a d’ailleurs envoyé des avions de chasse et des drones à la recherche de l’avion disparu. Les enquêteurs burkinabés sont déjà sur place.
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Une collaboration franco-malienne et au-delà. François Hollande a convenu vendredi avec le président malien, Ibrahim Boubacar Keita, de "travailler en étroite coopération" pour élucider les circonstances du crash. Lors d'un entretien téléphonique, les deux dirigeants sont "convenus de mettre en place une étroite coopération pour établir la vérité sur la tragédie du vol AH5017, faciliter l'enquête et assurer dans les meilleures conditions le rapatriement des corps des victimes". Vendredi, dans une déclaration à la presse, Laurent Fabius a par ailleurs affirmé que "l'enquête sera conduite en concertation étroite avec les autorités maliennes, burkinabé, algériennes et espagnoles". Le chef de la diplomatie française a également précisé que "le Liban, le Burkina, le Canada, le Chili, le Luxembourg et la Roumanie, dont des ressortissants comptent parmi les victimes, nous ont adressé des demandes d'assistance. Elles seront bien sûr honorées"
Des enquêteurs du BEA, le Bureau d’études et d’analyse qui se concentre sur les catastrophes aériennes, sont en route pour le Mali, comme 21 gendarmes et policiers français.
Une boîte noire a d’ores et déjà été récupérée, sur le site du crash. Le Mali ne dispose pas de laboratoire d’analyse des appareils d’enregistrements, contrairement au BEA français et son équivalent espagnol.
Une enquête ouverte à Paris. Par ailleurs, le parquet de Paris a ouvert une enquête préliminaire pour "homicides involontaires". Le dossier a été confié au général commandant la gendarmerie des transports aériens, a précisé la même source. La justice française est compétente du fait de la présence de nationaux à bord. Le parquet a également saisi l'Institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale (IRCGN) pour l'identification des victimes et requis l'Institut national d'aide aux victimes et de médiation (Inavem) "pour l'aide aux victimes françaises", a indiqué la source judiciaire.
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