Un avion américain, affrété par une compagnie malaisienne, qui s’écrase sur le territoire ukrainien contrôlé par des rebelles pro-russes, des victimes de dix nationalités différentes. Quand le Boeing 777 de la Malaysia Airlines termine son vol dans un champ de l’est de l’Ukraine, l’imbroglio diplomatique ne fait que commencer. Car de très (trop) nombreux acteurs sont impliqués dans l’enquête qui doit faire la lumière sur l’origine du missile qui a tué les 298 passagers de l’avion.
L’enquête à l'OACI. Kiev, pour marquer sa bonne volonté, a cordialement invité tous les Etats à envoyer des enquêteurs sur place. La situation est si complexe que l’Ukraine, qui devait normalement se charger de l’investigation, a préféré déléguer ce pouvoir à l’OACI, l’Organisation de l’aviation civile internationale. L’OACI, qui émane des Nations unies, est à l’aviation civile ce que l’ONU est à la diplomatie. Le Conseil de sécurité a réclamé (et obtenu) une "enquête internationale, réellement indépendante et impartiale sur la base des principes de l’aviation internationale". Sur le crash en Ukraine, c’est donc l’OACI qui s’occupe de déléguer les différentes tâches de l’enquête aux agences d’aviation des pays impliqués.
Tous les pays ont appelé à une participation active de l’OACI, notamment car "les rebelles […] ne font pas confiance au gouvernement de Kiev", a expliqué l’ambassadrice russe en Malaisie, Lioudmila Vorobïeva. Un tel degré d’implication de l’OACI, logique mais rarissime, permet d’évacuer toute accusation de partialité. Pour autant, pendant leurs premières heures sur place, les quatre enquêteurs de l’organisme dépêchés sur place n’ont pas pu atteindre le site.
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L'identification aux Pays-Bas. Les Pays-Bas, qui ont perdu 193 de leurs ressortissants, ont pris la tête des opérations d’identification des victimes et ont tenu à ce que les expertises médico-légales aient lieu sur leur sol. Les corps sont donc en cours d’acheminement vers le territoire néerlandais. Problème : seules 282 dépouilles ont pu être récupérées et impossible de dire dans quel état sont les corps, qui ont passé plusieurs jours dans des wagons théoriquement réfrigérés, mais qui auraient subi des dégradations. L’identification "pourrait prendre des mois", a prévenu le Premier ministre Mark Rutte.
L’enquête technique à la Malaisie. Par ailleurs, il a été convenu que la Malaisie récupérerait les boîtes noires auprès des rebelles pro-russes, ce qui a été fait au cours d’une cérémonie grotesque. Mais rien ne dit que ces enregistrements, que la Malaisie va devoir transmettre à un laboratoire britannique pour les analyser, vont lever le voile sur la véritable question qui se pose dans ce crash : l’origine du missile qui a abattu le Boeing.
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Interpol et l’OSCE, en renfort. Par ailleurs, des experts d’Interpol ont été envoyés sur le site pour aider à coordonner l’identification des victimes sur places pendant 48 heures. Rien ne dit que les miliciens ukrainiens les ont laissé travailler, au regard de la surveillance étroite appliquée à de simples observateurs de l’OSCE (encore un autre organisme international présent sur place).
Les Etats-Unis, pour le Boeing. Ajoutons à tous ces acteurs que le FBI américain ainsi que le National transporation safety board, l’autorité américaine des transports, se trouvent également sur place. "C’est rare, mais comme l’homologation de cet avion (un Boeing, ndlr.) a été délivrée par les autorités américaines, c’est normal", explique Bernard Chabbert, consultant aéronautique pour Europe 1. Pour l’heure, Boeing n’a pas envoyé d’experts sur place, mais dit se tenir prêt si l’OACI le lui demande.
Une procédure aux Pays-Bas. Pour compliquer encore un peu l’affaire, les Pays-Bas ont déclaré lundi ouvrir une enquête pour meurtres, crimes de guerre et pour avoir abattu intentionnellement un avion de ligne, a annoncé un porte-parole du parquet. Un procureur néerlandais se trouve donc en ce moment en Ukraine, où il participe également à l’enquête. La loi néerlandaise sur les crimes internationaux permet aux Pays-Bas de poursuivre en justice toute personne ayant commis un crime de guerre contre un citoyen néerlandais. Et ils étaient 193.
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