Que s’est-il réellement passé dans le ciel ukrainien jeudi dernier ? Les circonstances du crash du Boeing 777 de la Malaysia Airlines restent toujours floues, cinq jours après l’accident qui a coûté la vie aux 298 passagers du vol Amsterdam-Kuala Lumpur. Europe 1 fait le point sur ce que l’on sait.
Qu’est-il arrivé au vol MH17 ? Jeudi un peu après 14 heures, les radars perdent la trace du vol MH17 qui relie Amsterdam à Kuala Lumpur, en Malaisie. L’avion et ses 298 passagers sont retrouvés dans un champ du village de Grabovo, dans l’est de l’Ukraine. Il n’y a aucun survivant. Les services de renseignements américains affirment quelques heures plus tard qu’un missile a abattu l’appareil, mais sans pouvoir donner de précisions sur l’origine du tir. Le missile a été envoyé d’une zone tenue par les séparatistes pro-russes, mais impossible de savoir pour l’instant si ce sont réellement eux qui sont responsables du crash.
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Les boîtes noires de l’avion, qui permettront peut-être d’éclairer quelques zones d’ombre, ont rapidement été récupérées par les rebelles. Après cette annonce, Alexander Borodaï, un leader séparatiste, avait déclaré que les boîtes n’étaient pas en leur possession. Dimanche, il a à nouveau fait volte face, déclarant que "oui, les boîtes noires sont à Donetsk". Il a joué la naïveté, expliquant que les rebelles "ne sont pas des experts" et "ne savaient pas qu’il s’agissait de boîtes noires".
Qu’en est-il des victimes ? Pendant les deux premiers jours après le crash, les secours sur place se sont bornés à repérer les corps éparpillés sur le site, à l’aide de bâton surmontés de tissu blanc. Les corps et membres n’ont pas été déplacés du champ où l’avion a terminé sa course. La confusion demeure toujours sur le nombre de corps identifiés.
Pour l’heure, aucun pays n’a pu rapatrier les corps de ses ressortissants morts dans le crash, qui sont entreposés dans un train réfrigéré pour les protéger de la chaleur et des charognards, explique Alexander Borodaï, un leader séparatiste. 247 corps "ont été déplacés à Torez (une ville proche du crash, ndlr.) dans des wagons réfrigérés", a-t-il indiqué. "Ils ne vont nulle part, ils restent à Torez en attendant que les experts arrivent", a tenu à rassurer Borodaï, alors que certains craignaient que les rebelles ne tentent de déplacer le train. Lundi en fin de matinée, justement, des experts néerlandais sont arrivés sur place pour examiner les dépouilles.
Qui enquête sur place ? Lundi, Kiev s’est dit prête à confier l’enquête sur le crash à des Occidentaux, comme les Pays-Bas, a déclaré Arseni Iatseniouk, le Premier ministre ukrainien. Mais pour l’heure, les rebelles pro-russes contrôlent toujours la zone. Dimanche, un dirigeant séparatiste a conditionné le travail d’experts internationaux d’un cessez-le-feu conclu avec les autorités de Kiev.
Seuls une trentaine d’experts de l’OSCE ont pu se rendre sur place. Mais il s’agit d’observateurs, et non d’enquêteurs, qui peinent à travailler sous l’étroite surveillance d’hommes armés. Michael Bociurkiw, le porte-parole de la mission d’observation de l’OSCE, a regretté que le site n’ait pas été sécurisé. "Normalement, dans ce type d’événements, vous sécurisez le périmètre et vous ne touchez à rien. Et là, il est certain que cela n’a pas été le cas", a-t-il déploré.
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L’ONU a demandé qu’une enquête internationale "exhaustive, minutieuse et indépendante" soit conduite. Des experts malaisiens et néerlandais sont arrivés en Ukraine pendant le week-end mais pour l’heure, seuls les Néerlandais sont arrivés jusqu’à Donetsk, sans toutefois rejoindre le site du crash. Ils ont cependant pu examiner les corps des victimes. Plusieurs pays ont exprimé leur "indignation" face à la gestion du site, craignant une falsification des preuves.
Les dirigeants Angela Merkel, François Hollande et David Cameron ont exigé l’intervention de Vladimir Poutine, pour "qu’il obtienne des séparatistes ukrainiens que les secours et les enquêteurs aient enfin un accès libre et total à la zone de la catastrophe". Le président russe n’est officiellement pas intervenu.