Alors que la Russie avance ses pions en Crimée, l’Occident fait bloc autour de l’Ukraine. Il s’agit de la plus grave crise entre l'Occident et la Russie depuis la chute de l'URSS en 1991. Une situation qui fait craindre, à certains, le retour aux reflexes de la guerre froide.
C’est le secrétaire-général adjoint des Nations unies, Jan Eliasson, qui a mis en garde : "ce n'est dans l'intérêt de personne de réveiller ces fantômes du passé. Mercredi à Kiev, il a appelé Russes et Ukrainiens au dialogue pour trouver une issue pacifique à la crise.
Une présence russe accrue. Pourtant, sur le terrain, c’est l’escalade. Chacun avance ses pions. En Crimée, les forces russes ont investi mercredi deux bases de lancement de missiles. Des sites militaires hautement stratégiques. A l’aéroport de Simeferol, l’envoyé spécial d’Europe 1 a noté la présence accrue de militaires russes autour de l’aéroport mais aussi des bases militaires ukrainiennes.
Les Etats-Unis réagissent dans les pays baltes. Face à ce dispositif russe, les Etats-Unis ont décidé d'intensifier les entraînements aériens conjoints avec la Pologne et d'augmenter leur participation à la protection de l'espace aérien des pays baltes.
Des mesures qui visent, pour Washington, à donner des assurances en matière de sécurité à ses alliés est-européens au sein de l'Otan, qui s'inquiètent des conséquences pour leur sécurité des actions militaires russes en Ukraine.
Les voisins de l’Ukraine s’inquiètent. L’étau se resserre donc sur l’Ukraine et fait craindre au groupe de Visegrad, constitué de la République tchèque, de la Hongrie, de la Pologne et de la Slovaquie - d'être les témoins d'une intervention militaire, dans l'Europe du XXIe siècle, semblable à leurs propres expériences de 1956, 1968 et 1981".
Pendant cette période, l'armée rouge a écrasé en 1956 une insurrection à Budapest. Les chars soviétiques sont à nouveau intervenus en 1968, cette fois pour mettre fin à l'expérience réformiste du Printemps de Prague. Enfin en 1981, le pouvoir communiste polonais proclamait l'état de siège en réponse au rôle grandissant du syndicat indépendant Solidarnosc, et alors que planait sur le pays l'hypothèse d'une intervention armée soviétique.
De terribles répercussions. Pour le groupe de Visegrad, "les actions militaires récentes de la Russie constituent une infraction à la législation internationale, et créent une dangereuse réalité nouvelle en Europe". Les experts de la fondation Carnegie - une ONG qui travaille sur le développement de la coopération interétatique - ne cachent pas non plus leur inquiétude.
"Les répercussions sur les relations entre la Russie et l'Occident seront profondes et durables, bien pires qu'après la guerre russo-géorgienne" de 2008, ont-ils estimé. "Cela rappelle 1968, pas 2008", soulignent-ils en allusion à la répression du Printemps de Prague par l'URSS.
Il manque des ingrédients. Un cri d’alarme que relativise l’expert de la Russie, Philippe Migault. "L’Ukraine est clairement coincée entre deux blocs, mais on ne peut pas faire de parallèle avec la guerre froide. La Russie de Poutine n’est pas celle de 1989", estime le chercheur de l’Iris.
"Une bonne partie des ingrédients de l’époque du bloc soviétique ont disparu, à commencer par les moyens de défense. Les budgets de défense des Etats-Unis, de l’Union européenne et du Canada, une fois additionnés, atteignent 943 milliards de dollars", explique le chercheur. "Celui de la Russie est de … 43 milliards de dollars", souligne-t-il.
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