C’est une grande première pour l’Egypte. Un groupe de cyber-militants, meneurs du mouvement de contestation de la place Tahrir, ont rencontré lundi deux généraux du conseil suprême des forces armées afin de discuter de l’avenir du pays. Les militaires sont, depuis la démission de Hosni Moubarak vendredi, dépositaires du pouvoir dans le pays et doivent maintenant organiser la transition vers un état pleinement démocratique.
Des discussions détendues
Ces deux officiers de haut-rang ont déjà longuement rencontré huit des principaux animateurs de la révolte. Selon un compte rendu de cette rencontre, les discussions auraient été extrêmement détendues, alors qu’aucun sujet difficile n’a été écarté, rapporte Didier François, envoyé spécial d’Europe 1 en Egypte.
"Nous avons rencontré l'armée (...) pour comprendre leur point de vue et présenter le nôtre", ont déclaré Waël Ghonim, un jeune informaticien devenu icône du soulèvement, et le blogueur Amr Salama, dans une note intitulée "Rendez-vous avec le conseil suprême des forces armées" sur un site internet pro-démocratie.
Dans une interview donnée à CBS, Waël Ghonim, revient sur sa mobilisation :
Les militaires auraient réaffirmé leur ferme intention de rendre le pouvoir aux civils. Ils auraient même ébauché une sorte de calendrier. Selon les informations recueillies par Europe 1, un comité d’experts indépendants devrait amender la Constitution dans les dix jours. Puis, leurs propositions devraient être soumises à un référendum populaire d’ici à deux mois et les élections présidentielles et législatives sont, elles, attendues pour le mois de septembre prochain.
"Pour une fois, ils écoutent"
Les participants à cette rencontre sont ravis, rapporte notre envoyé spécial. L’un d’eux note même l’absence de discours paternaliste des militaires qui auraient fait preuve d’un véritable respect pour le discours des huit jeunes. "C’est la première fois que des dirigeants égyptiens nous écoutent plus qu’ils nous parlent", confie l’un des cyber-militants.