L'INFO. Les leaders mondiaux se retrouvent jeudi à Saint-Pétersbourg pour un G20 dominé par la crise syrienne où les questions économiques seront reléguées au second plan. D'où vient l'idée de ce grand raout diplomatique ? Explications.
Un rendez-vous inventé par VGE. Et dire qu’au départ, Valéry Giscard d’Estaing pensait à une simple conversation au coin du feu. Nous sommes en 1975. Président depuis un peu plus d’un an, VGE s’est promis de "décrisper" la France. Côté social, il invite des éboueurs parisiens à un petit déjeuner à l’Elysée. Côté international, il lance l’idée d’une rencontre informelle entre les dirigeants des grandes puissances économiques. Ce sera le sommet de Rambouillet, qui réunira autour de lui l’américain Gérald Ford, l’allemand Helmut Schmidt, le britannique Harold Wilson, le japonais Takeo Miki et l’italien Aldo Moro. Au menu, déjà, la crise économique internationale -provoquée, à l’époque, par l’instabilité du système monétaire.
Limiter le protocole et les mondanités. Un sommet sans apparat. L’ADN de ce premier "Groupe des 6" est inscrit dans son organisation : pas d’agenda officiel, pas de secrétariat permanent, pas ou peu de comptes rendus de séance et une poignée de journalistes, installés dans un centre de presse improvisé dans la salle des fêtes de la mairie de Rambouillet. Pour leur permettre de dicter leurs papiers, l’Elysée a fait poser deux lignes de téléphone.
Les choses ont bien changé. Le contraste entre ces premières réunions et le huitième sommet du G20 qui s’ouvre jeudi après-midi au palais Constantin, à Strelna près de Saint-Pétersbourg, est saisissant. Ce dernier coûtera plus de 60 millions de dollars, soit 45 millions d’euros, dont 30.000 dollars… pour les seules fournitures en papier, stylos et trombones. 2,5 millions de fleurs et 1.600 arbres ont également été plantés tout spécialement dans les jardins à la française d’un palais surnommé le "Versailles russe". Les vingt chefs d’Etat et Premiers ministres seront logés dans des "pavillons" équipés chacun d’une piscine, un sauna et une salle de gym. Un centre de presse a été construit de l’autre côté du bras de mer qui entoure le palais pour accueillir les 3.000 journalistes accrédités. La simplicité recherchée lors du premier G6 est un lointain souvenir.
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Une grosse machine qui tente de garder un côté intime. Comme au festival d’Avignon, le sommet du G20 a un programme "On" et un programme "Off". Préparé depuis des mois par les 20 "Sherpas", des guides diplomatiques et leurs équipes, le "On" de Saint-Pétersbourg sera consacré à la croissance économique, à la régulation financière et à la lutte contre la corruption. Il se traduira par un communiqué final, qui n’a aucun statut juridique mais constitue une sorte de déclaration d’intention, signée par 20 pays qui représentent 90% de la richesse mondiale.
Et doit rester réactive/flexible. Le "Off" des sommets du G20 se déroule en marge du calendrier officiel : rencontres bilatérales, conversations en aparté autour d’un café, voire débats sur un sujet non prévu. En novembre 2011, à Cannes, la crise grecque de l’euro avait dominé un G20 consacré, officiellement, à définir "une stratégie mondiale pour la croissance et l’emploi". A Saint-Pétersbourg, la star des réunions bilatérales sera Barack Obama. Tout le monde veut rencontrer le président américain. Parmi les heureux élus : François Hollande, la brésilienne Dilma Roussef, le chinois Xi Jinping, et le turc Recep Erdogan. Aucune bilatérale Obama-Poutine n’est prévue mais des deux côtés, on explique qu’une rencontre impromptue n’est pas impossible. Faut-il le préciser ? LE sujet qui fera oublier l’agenda officiel de ce 8ème G20 sera la Syrie.