C'est une décision qui est attendue de longue date. Près d'un an après les faits, la décision écrite du juge Douglas McKeon, dans l'affaire DSK, doit être rendue publique sur Internet mardi en milieu de matinée à New York.
La plainte au civil avait été déposée le 8 août 2011, parallèlement à la procédure pénale, abandonnée le 23 août, le procureur ayant des doutes sur la crédibilité de la femme de chambre guinéenne. Mais les procédures étant indépendantes, la procédure civile s'est poursuivie. Cette plainte vise à obtenir des dommages et intérêts, d'un montant non précisé, pour Nafissatou Diallo. La femme de chambre de 33 ans, qui n'a jamais repris le travail, affirme que l'ancien ministre français l'a contrainte à une relation sexuelle le 14 mai 2011 dans sa suite du Sofitel à New York. Dans sa plainte elle raconte en détail l'agression "violente et sadique" dont elle affirme avoir été victime.
Quelle "immunité" ?
Si l'ancien directeur général du FMI a reconnu en septembre dernier avoir eu une relation sexuelle "inappropriée" avec la femme de chambre, il a affirmé qu'il n'y avait eu ni violence ni contrainte.
Mettant en avant l'immunité "absolue" de l'ancien patron du Fonds monétaire international, ses avocats ont demandé au juge, le 28 mars dernier, de classer la plainte sans suite. Une immunité qui prévaudrait "y compris pour des actes commis à titre personnel", en vertu d'une convention sur les agences spécialisées adoptée par les Nations Unies en 1947.
Le juge Douglas McKeon, 63 ans, avait cependant semblé dubitatif le 28 mars, interrogeant sans relâche l'avocat Amit Mehta, l'un des défenseurs de Dominique Strauss-Kahn. "Vous ne diriez pas qu'il agissait dans le cadre de ses fonctions" lorsqu'il a rencontré Mme Diallo? avait-il demandé, s'étonnant que DSK n'ait pas fait valoir cette immunité lors de la procédure pénale, depuis abandonnée.
La fin de l'affaire ?
Si le juge du Bronx accepte de classer la plainte, c'en sera fini des ennuis judiciaires de Dominique Strauss-Kahn à New York dans l'affaire Diallo. Mais si le juge refuse, sa décision ouvrira la voie aux préparatifs d'un procès civil, avec jury populaire. Les avocats des deux parties peuvent cependant faire appel de sa décision. Et ceux de DSK ont d'ores et déjà évoqué cette possibilité s'ils n'obtiennent pas gain de cause.
La théorie du complot
La majorité des procédures civiles se soldent en fait par un accord financier aux Etats-Unis. D'autant plus que le juge McKeon est favorable à de tels règlements amiables, qui permettent d'éviter la tenue d'un procès. Mais jusqu'à présent, ni les avocats de Nafissatou Diallo ni ceux de DSK n'ont voulu l'envisager.
Vendredi dernier, le journaliste américain Edward Jay Epstein avait relancé la thèse du complot, après avoir rencontré DSK à Paris le 13 avril. Dans un article publié par le journal britannique TheGuardian, le journaliste affirme que DSK lui aurait dit: "peut-être ai-je été naïf sur le plan politique mais je n'ai tout simplement pas cru qu'ils iraient si loin".