Sans surprise, le juge Michael Obus a décidé mardi d'abandonner les poursuites à l'encontre de DSK.
L'affaire a été pliée en quinze minutes. Le tribunal pénal de Manhattan a décidé mardi de lever les charges pesant sur Dominique Strauss-Kahn, suivant les recommandations émises lundi par le procureur Cyrus Vance. Sept chefs d'accusation étaient retenus contre l'ex-directeur du FMI, dont tentative de viol, agression sexuelle et séquestration.
"Je ne vois aucune raison de refuser" la demande de non-lieu, a déclaré le juge lors d'une courte audience d'une quinzaine de minutes, dans une salle bondée, au treizième étage du tribunal du sud de Manhattan. Cette décision met fin à trois mois d'une rocambolesque saga judiciaire qui a coûté à "DSK" son poste de directeur général du Fonds monétaire international et anéanti ses chances de briguer la présidence française.
Dominique Strauss-Kahn était accompagné de sa femme, Anne Sinclair, assise au premier rang, attentive, puis rayonnante à l'annonce de la décision. DSK, lui, n'arrivait pas encore à sourire et s'est engouffré dès la sortie de la salle d'audience dans une voiture qui l'a reconduit dans sa résidence de TriBeca, devant laquelle il a fait une brève déclaration.
Des versions contradictoires
Lundi, dans un document de 25 pages, Cyrus Vance avait expliqué que Nafissatou Diallo, qui accuse DSK de l'avoir forcée à lui faire une fellation le 14 mai, avait menti plusieurs fois aux enquêteurs. Elle aurait ainsi donné "trois versions contradictoires" des faits, des "mensonges" qui ont "sérieusement entamé sa crédibilité de témoin" et donc ses chances de remporter un procès au pénal. Selon l'enquête, il y aurait bien eu une "relation sexuelle précipité" entre les deux protagonistes, mais il est impossible "d'établir de manière indépendante qu'il s'agissait d'une relation forcée".
La recommandation de Cyrus Vance d'abandonner les poursuites a été dénoncée comme un déni de justice par Kennet Thompson, l'avocat de la plaignante, qui a jugé mardi que Cyrus Vance "a refusé le droit d'une femme à obtenir justice dans une affaire de viol". Mais le procureur a défendu mardi à New York sa décision estimant que c'était "la bonne décision, tant sur le plan légal qu'éthique" vu les éléments dont il disposait.
Malgré l'abandon des poursuites au pénal, le bras de fer judiciaire n'est pas terminé pour DSK : les avocats de Nafissatou Diallo ont porté plainte au civil début août, où ils espèrent obtenir des dommages et intérêts pour leur cliente. Et, comme le soulignent plusieurs juristes, aux Etats-Unis, il est possible d'être blanchi au pénal mais reconnu "responsable civilement".