>> L'INFO. Dominique Strauss-Khan et Nafissatou Diallo auraient trouvé un accord financier à l'amiable, selon les informations du New York Times. Retour sur le scénario du Sofitel.
Ses révélations pourraient semer le trouble. Dans un article duNew York Review of Books paru ce week-end, Edward Epstein, retrace les évènements de la journée du 14 mai au Sofitel de New York. Grâce aux enregistrements réalisés par des caméras de surveillance et à certains relevés téléphoniques, le journaliste américain souligne l'étrange célébration après que Nafissatou Diallo a quitté la chambre de DSK.
Dans la matinée
10h07 heure de New York, 16h07 heure de Paris. Le téléphone utilisé par Dominique Strauss-Kahn a vraisemblablement été hacké. Une de ses amies qui travaille comme documentaliste au siège parisien de l'UMP, lui a envoyé un message dans la matinée pour le prévenir "qu'au moins un de ces e-mails privés récemment envoyés depuis son BlackBerry à son épouse, Anne Sinclair, avait été lu dans les bureaux de l'UMP à Paris."
Inquiet, DSK téléphone à sa femme depuis le BlackBerry en question. "Au cours d'une conversation qui dure moins de six minutes, il lui annonce qu'il a un gros problème" et insiste pour qu'elle contacte Stéphane Fouks. Patron de l'agence Euro RSCG, ce dernier pilote depuis quatre ans la stratégie de communication de DSK en vue de la présidentielle de 2012. L'ancien directeur du FMI demande à son épouse de prévenir cet "ami" pour qu'il puisse rapidement "faire examiner le BlackBerry et l'iPad par un expert", une fois que DSK sera rentré à Paris.
12 h 07
Nafissatou Diallo, qui travaille depuis trois ans comme femme de chambre au Sofitel, pénètre dans la suite présidentielle occupée par l'ancien dirigeant du FMI. D'après les déclarations de DSK, ses bagages sont "visibles" dans l'entrée. "En temps normal, rappelle le journaliste de la New York Review of Books, le personnel n'entre pas dans une chambre pour la nettoyer tant que le client s'y trouve". Que se passe-t-il dans les minutes qui suivent ? Le procureur de New York évoque un "rapport sexuel hâtif". A 12 h 13, Dominique Strauss-Kahn téléphone à sa fille Camille avec laquelle il a rendez-vous pour déjeuner. Il l’a prévient qu’il risque d’être en retard.
12 h 26
Nafissatou Diallo entre dans la chambre 2820, située au même étage que celle de Dominique Strauss-Kahn. La femme de chambre s'y est déjà rendue à plusieurs reprises dans la matinée, selon le journaliste de la New York Review of Books. "Y avait-il quelqu'un dans la chambre 2820 en dehors de Nafissatou Diallo avant et après sa rencontre avec DSK ? Si oui, qui étaient-ils et que faisaient-ils là ; et pourquoi, dans tous les cas, Diallo a-t-elle nié qu'elle s'était rendue dans la chambre ?" s'interroge le journaliste. Interrogé à ce sujet par les avocats de l'ancien directeur du FMI, le groupe Accor a refusé de répondre.
12 h 28
Dominique Strauss-Kahn quitte le Sofitel dans un taxi en direction du restaurant McCormick & Schmick's, sur la Sixième Avenue. D'après les caméras de surveillance de l'établissement, il arrive à destination à peu près une demie-heure plus tard.
12 h 51
Le téléphone de DSK est déconnecté et le système de géolocalisation de l'appareil désactivé, comme en témoignent les archives de la compagnie BlackBerry. "Si on excepte la possibilité d'un accident, pour qu'un téléphone soit mis hors service de cette façon, il faut, selon un expert légal, une connaissance technique du fonctionnement du BlackBerry", précise Edward Epstein, le journaliste américain.
12 h 52
Nafissatou Diallo est prise en charge par le service de sécurité de l'hôtel.
13 h 03
John Sheehan, un expert des questions de sécurité "identifié sur son profil LinkedIn comme 'directeur de la sûreté et de la sécurité' chez Accor", reçoit un appel du Sofitel. Appelé en renfort pour assiter les équipes de l'établissement, il passe au moins un coup de fil dans la voiture qui le conduit à l'hôtel. A qui et pourquoi ? Impossible de le savoir. Le journaliste de la New York Review of Books se borne à rappeler que le responsable de la sécurité du groupe Accor, et donc le plus haut supérieur hiérarchique de John Sheehan, n'est autre que René-Georges Querry, un ancien membre de la brigade antigang, qui "a travaillé dans la police avec Ange Mancini, coordinateur national du renseignement du président Sarkozy".
13 h 33
Brian Yearwood, ingénieur en chef du Sofitel, et un homme dont l'identité n'a pas été dévoilée – mais qui a auparavant accompagné Nafissatou Diallo jusqu'au PC sécurité – s'éloignent du groupe rassemblé autour de la femme de chambre. A l'abri des regards, ils se congratulent, frappent dans leurs mains et se lancent dans "ce qui ressemble à une extraordinaire danse de fête qui dure trois minutes". Pourquoi les deux hommes se livrent-ils à une telle démonstration de joie ? Edward Epstein, qui a visionné les enregistrements des caméras du Sofitel, s'abstient d'émettre la moindre hypothèse.
Début d'après-midi
Deux officiers de police arrivent au Sofitel à 14h15. Dominique Strauss-Kahn se rend compte dans le taxi qui le mène à l'aéroport que le BlackBerry qu'il souhaite faire expertiser à Paris a disparu. Depuis un autre mobile, il réussit à joindre sa fille et lui demande de retourner au restaurant pour vérifier que l'appareil ne s'y trouve pas. Camille renvoie un message à son père à 14 h 28 pour le prévenir qu'elle a fait chou blanc. A 15 h 01, le directeur du FMI, toujours en route vers l'aéroport, essaie en vain de joindre le BlackBerry à partir de son portable de rechange. Une demie-heure plus tard, il se résigne à appeler le Sofitel pour avertir le personnel qu'il a vraisemblablement oublié son téléphone dans la suite 2806.
15 h 42
Un employé de l'établissement new-yorkais rappelle DSK. L'homme, qui parle en présence d'un détective de la police, annonce "faussement" à l'ancien directeur du FMI que son téléphone a été retrouvé. Il lui propose de lui faire porter. "Je suis au terminal d'Air France, porte 4, vol 23", répond l'intéressé.
16 h 45
La police arrête Dominique Strauss-Kahn dans l'avion qui devait le conduire à Paris. Le BlackBerry ne sera jamais retrouvé et les soupçons de piratage de l'appareil jamais étayés par des analyses d'expert.