Jeffrey Shapiro n’est plus seul pour représenter Nafissatou Diallo. L’avocat, débusqué sur Internet par un proche de celle qui accuse Dominique Strauss-Kahn d’agression sexuelle et de tentative de viol, a reçu le renfort de deux confrères, Kenneth Thompson et Norman Siegel. Les trois hommes ont rencontré leur cliente et sa famille mercredi, avec une certaine idée en tête. "L'une des raisons de prendre deux autres avocats est d'étudier la possibilité d'une plainte au civil" pour tenter d'obtenir des indemnités, a affirmé Jeffrey Shapiro.
"S'il est établi qu'il y a bien eu agression, c'est une affaire qui vaut largement plus qu'un million de dollars", estimait il y a quelques jours Jonathan Damashek, un avocat spécialisé dans la défense des victimes de viol. Cet associé du cabinet Heckt Kleeger Pintel et Damashek ajoutait que la femme de chambre, qui habite le Bronx, pourrait même obtenir davantage si elle déposait plainte au civil dans son quartier plutôt qu'à Manhattan, où l'agression aurait eu lieu.
Un an pour déposer plainte
Les avocats de la jeune femme de chambre ont un an à compter de la date des faits supposés pour déposer une telle plainte. En théorie, une plainte au civil pourrait même viser le Fonds monétaire international (FMI), dont Dominique Strauss-Kahn était directeur général au moment des faits présumés, et l'hôtel qui emploie la femme de chambre. Les experts judiciaires écartent toutefois ce scénario, inutilement complexe à leurs yeux.
Au pénal, aux Etats-Unis, la culpabilité doit être établie au-delà de tout doute raisonnable. Au civil, en revanche, la personne se disant victime d'une agression sexuelle doit simplement apporter plus d'éléments en sa faveur que la défense, ce qui s'appelle prépondérance de preuves.