Le régime de Damas continue de réprimer. Et les forces syriennes ne frappent pas au hasard. Leurs cibles ? Les berceaux de la contestation contre le régime de Bachar al-Assad. Ainsi, dimanche, c'est la ville de Tafas proche de Deraa, d'où est parti en mars le mouvement de protestation, qui a vu arriver l'armée appuyée par au moins huit chars. Des habitants ont fait état de fusillades. Toujours d'après des habitants, les forces de sécurité pénètrent dans les habitations et arrêtent de jeunes personnes.
Même scénario dimanche dans la ville industrielle de Homs, dans le centre de la Syrie, où l'armée a pénétré à l'aube dans les quartiers contestataires. Des tirs de mitrailleuses lourdes y ont été entendus.
Banias "isolée du monde extérieur"
Samedi, des scènes identiques ont eu lieu à Banias, dans le nord-ouest du pays. L’armée syrienne avait alors fait irruption dans la ville à bord de chars. Depuis, les communications et l’électricité sont coupées dans la ville, elle aussi foyer de la contestation au régime. "La ville est isolée du monde extérieur et dans les quartiers sud de la ville, place forte des contestataires, il y a des tireurs embusqués sur les toits", a rapporté Rami Abdel Rahmane, président de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme. Banias était encerclée par l'armée depuis plus d'une semaine.
"Une catastrophe humanitaire"
"Une catastrophe humanitaire" serait à craindre "dans les quartiers sud" de Banias selon le président de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme. Au moins six personnes ont péri samedi à Banias : quatre femmes réclamant la libération de détenus ont été tuées par les forces de sécurité, selon un militant, puis deux personnes l'ont été en fin de journée, selon un bilan donné par l'Observatoire syrien des droits de l'Homme qui n'était pas en mesure de préciser l'origine des tirs.
L'alibi des militaires ? La poursuite "de membres des groupes terroristes (...) afin de rétablir la sécurité et la stabilité".
Malgré la présence de l'armée, des habitants sont descendus samedi dans les rues afin de ralentir la progression des blindés. Des appels au jihad ont même été lancés des minarets des mosquées, ont indiqué des témoins.
Un leader de l'opposition inculpé
Autre coup dur pour l'opposition au régime : l'une des principales figures de la contestation syrienne, Riad Seif, qui souffre d'un cancer, a été inculpé dimanche par la justice pour avoir enfreint l'interdiction de manifester, selon l'avocat Khalil Maatouk.
Vendredi, des dizaines de milliers de personnes ont défilé dans toute la Syrie. La répression a fait au moins 26 morts et des dizaines de blessés. La répression des manifestations anti-régime a fait au moins 800 morts depuis le 15 mars, a affirmé samedi l'organisation syrienne de défense des droits de l'homme Saouassiah.
Dimanche, sur Europe 1, le secrétaire national du PS à l'Europe et aux relations internationales Jean-Christophe Cambadélis a appelé la communauté internationale à se saisir au plus vite du dossier syrien. Samedi, c'est François Heisbourg, spécialiste de la Syrie et membre de la Fondation pour la Recherche stratégique, qui disait sur Europe1 ne pas comprendre "le silence des médias, de la classe politique et du président de la République sur ce qui se passe en Syrie".