"Manipulation", "scepticisme", "confiance très limitée" : les engagements présentés par Bachar al-Assad au chef de la diplomatie russe mardi n’enthousiasment pas les Occidentaux. Alain Juppé a ainsi lancé mercredi qu’il ne croyait "absolument pas" aux promesses faites sur la fin des violences par le président syrien. "C’est vraiment une manipulation de la part de Bachar al-Assad dans laquelle nous n’allons pas tomber", a prévenu le ministre des Affaires étrangères, ajoutant : "lorsqu’on a massacré 6.000 de ses concitoyens […] on n’a plus de légitimité".
La Russie, qui a bloqué, avec la Chine, la résolution du Conseil de sécurité de l’ONU sur la Syrie, en a également pris pour son grade : pour Alain Juppé, Moscou se "trompe complètement" dans ses "arguments" sur le dossier syrien. "Cela fait ‘N’ fois que des gens vont à Damas rencontrer Bachar al-Assad et qu’il leur donne des bonnes assurances […] Je ne crois absolument pas aux engagements du régime syrien qui s’est discrédité".
"Assad ressasse les mêmes propositions"
Même son de cloche outre-Atlantique, où la porte-parole du département d’Etat a fait part du scepticisme de la communauté internationale, "quand on voit qu’au lieu de s’occuper de mettre fin à la violence, Assad ressasse les mêmes propositions qu’il a faites depuis des mois et des mois et des mois".
Quant à la possibilité de faire bientôt voter les Syriens sur une nouvelle constitution, les Etats-Unis y voient une idée qui "a tout l’air d’une nouvelle promesse de la part du régime Assad consistant à agiter un bout de papier à propos d’une élection qu’il peut entièrement contrôler".
Les Britanniques plus réservés
Côté britannique, la réaction est plus réservée. Le Premier ministre David Cameron a affirmé avoir "une confiance très limitée" sur les résultats de la visite à Damas de Sergueï Lavrov. Il a une nouvelle fois demandé la mise en place d’une "alliance internationale la plus forte possible autour d’un groupe de contact" comprenant des groupes de l’opposition en Syrie et à l’extérieur du pays.
La Russie, elle, a appelé à continuer à chercher une solution, "y compris au Conseil de sécurité de l’ONU", pour "aider au règlement de la crise par les Syriens eux-mêmes". Et Vladimir Poutine, Premier ministre, a exhorté la communauté internationale à "ne pas se comporter comme un éléphant dans un magasin de porcelaine".