Ils ont fait leur alya voilà trente ans. Trente ans qu’ils ont immigré vers Israël, pays en guerre depuis près de 70 ans. A Ashdod, Michelle et Guy n’ont pourtant pas abandonné toute la France derrière eux. Dans leur salon, elle reste bien présente. Leur télévision diffuse des images de Paris, celles des heurts pendant les manifestations pro-palestiniennes en Île-de-France, le week-end dernier.
Et finalement, ces échauffourées leur font tout aussi peur que les roquettes qui passent au-dessus de leur tête. "Ici, on est sûr de pouvoir se protéger alors qu’en France, on sent une certaine insécurité", explique Guy.
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Voilà deux semaines que l’opération "Bordure de protection" a commencé à quelques dizaines de kilomètres de chez eux, dans la bande de Gaza. Le Hamas a repris ses tirs de roquettes quotidiens, ce qui n’a pas empêché d’autres Français d’aller s’installer dans le pays considéré comme une terre sainte. "Je reçois ces derniers jours des familles qui arrivent de France", raconte Michelle. "Elles sont arrivées sous les roquettes mais personne n’a annulé son départ. Personne n’a changé sa destination ou encore sa date", comme si la crainte des missiles ne suffisait pas à entamer leur détermination.
Quand tout à coup… Et d’ailleurs, Guy, son mari, va jusqu’à dire qu’il se sent plus en sécurité dans le sud d’Israël, sous les bombes, qu’en France, où le climat social les angoisse. Des paroles qui surprennent d’autant plus que deux minutes après les avoir prononcées, une alerte retentit. Une roquette est lancée sur la ville. La course contre la montre jusqu’à l’abri construit près de la piscine commence.
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A l’intérieur de l’étroit bloc de béton, un bruit sourd retentit. Guy et Michelle ne sont pas d’accord. Lui pense que c’est le bouclier anti-missile qui a fait son travail. Elle est persuadée que la roquette n’a pas été interceptée. Le missile du Hamas est tombé sur le port, Michelle avait raison.
La guerre et le tonnerre. Pour autant, elle n’imagine pas un instant retourner en France, pour s’épargner ces longues minutes passées dans l’abri anti-missiles. Depuis qu’elle est là, Michelle a "vu pas mal d’actions militaires, pendant toutes ces années. Je n’ai jamais pensé une seconde à rentrer en France", tranche-t-elle.
C’est net, et peu importe les avions de chasse et les missiles qui font rugir le ciel. Ici, on compare la guerre au tonnerre : impressionnante, mais passagère.