La découverte. N'écrasez pas tout de suite le moustique qui vient de vous piquer : dans des millions d'années, il pourrait faire le bonheur des chercheurs des générations futures. Des entomologistes américains ont annoncé, eux, la découverte inédite d'un moustique fossilisé avec du sang dans son abdomen, absorbé pour son dernier repas il y a... 46 millions d'années. "C'est le premier fossile d'un moustique encore gorgé de sang jamais mis au jour", s'est réjoui Dale Greenwalt, un biochimiste retraité travaillant au Musée d'Histoire naturelle de Washington et principal auteur de cette découverte, parue lundi dans les Comptes rendus de l'Académie américaine des sciences (PNAS).
Riche en information. Le fossile a été trouvé dans la collection d'un entomologiste américain composée il y a 25 ans, et offert au Musée d'histoire naturelle de Washington. Provenant d'une couche sédimentaire d'un ancien lac du nord-ouest de l'Etat américain du Montana, il contient encore de nombreuses informations. Une analyse spectrométrique poussée a notamment révélé que son abdomen contenait des teneurs très élevées de fer, dont la source était des molécules de porphyrine qui entrent dans la composition du sang. Peu de chance, en revanche, de trouver de l'ADN, composée de molécules plus fragiles et ne résistant pas à la fossilisation.
À qui est ce sang ? Malheureusement, il ne s'agit pas de sang de dinosaures (ils ont disparu il y a 65 millions d'années), ni d'êtres humains puisqu'ils apparaîtront plus de 40 millions d'années plus tard. Le moustique a vécu à la période dite de l'Eocène, où régnait notamment pléthore d'ancêtres des mammifères modernes, comme les rongeurs, les sangliers, les cerfs, les chauves-souris, les chevaux ou même les éléphants et les primates, déjà présents en Amérique du nord.
Cette découverte est-elle vraiment une première ? Le fossile le plus ancien de moustique découvert remonte à 95 millions d'années à une époque où les dinosaures étaient encore sur la planète. Mais il ne contenait malheureusement pas de sang. Bien que 14.000 espèces d'insectes se nourrissent de sang, dont des tiques, des puces et des moustiques, il n'y a quasiment pas eu de fossiles découverts témoignant de ce mode d'alimentation dans l'histoire de l'évolution. Seuls quatre spécimens fossilisés ont été trouvés au total, parmi lesquels des parasites de la maladie du sommeil (le trypanosome) et du paludisme (le plasmodium) indiquent que ces insectes se nourrissaient de sang, relèvent les chercheurs.