>> La lettre de Depardieu. "Gégé" se sent déjà russe. Dans une lettre rendue publique jeudi par une télévision russe, l’acteur Gérard Depardieu, qui s'est vu octroyer la citoyenneté russe par un décret présidentiel, déclare sa flamme : "En Russie, il y fait bon vivre". François Hollande sait que "j’aime beaucoup votre président Vladimir Poutine et que c’est réciproque", note l’acteur. "Et je lui ai dit que la Russie était une grande démocratie, et que ce n’était pas un pays où un Premier ministre traitait un citoyen de minable", poursuit la star française.
Depuis cette annonce de l'octroi de la citoyenneté à la star française, intellectuels, artistes et ONG s'étranglent. Ils rappellent que la Russie est aussi célèbre pour ses nombreuses atteintes aux droits de l'Homme. La Syrie, les Pussy Riot, la Tchétchénie mais aussi les libertés de l'opposition russe sont autant de griefs faits au Kremlin.
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• "Pas d'Etat de droit" pour Amnesty International. Depuis plusieurs mois, la Russie connaît un véritablement durcissement de la répression contre l'opposition et ce, notamment avec les grandes manifestations d'octobre 2011. "Les Russes sont privés de leur droit. Normalement, ils ont le droit à manifester, de se réunir, le droit à la liberté d'expression. Tout cela est quasiment supprimé. Il n'y a absolument pas d'Etat de droit. La justice obéit aux ordres. C'est comme ça que ça se passe en Russie", assure Anne Nerdrum, spécialiste de la Russie interrogée par Europe 1.
Dernier exemple en date : lors de la manifestation de décembre, l'opposition s'est vue interdire de défiler et plusieurs leaders ont été arrêtés. Une cascade de lois répressives a récemment été adoptée par la Douma, le parlement russe. L'une des lois vise notamment à imposer des contrôles stricts aux "agents de l'étranger", tels que les ONG "politiques" qui reçoivent des subsides de l'étranger.
• Limonov et le "défi révolutionnaire". Il est l'un des opposants à la Russie de Poutine. L'écrivain Edouard Limonov a lancé ironiquement un défi "révolutionnaire" à l'acteur français. "Gérard ! Viens nous rejoindre sur la place Triomphale (à Moscou, ndlr), le 31 janvier, avec ton passeport russe en poche. En effet, tous les 31, à 18 heures sur cette place, les citoyens russes revendiquent traditionnellement le respect de l'article 31 de la Constitution russe qui garantit le droit au rassemblement pacifique", assure Edouard Limonov sur un ton sarcastique.
"On t'attend, Gérard ! Si ma mémoire est bonne, tu as interprété, dans l'un de tes films, le grand révolutionnaire français Danton ? Eh bien, cher ami français, voici une bonne occasion de jouer un rôle historique réel de défenseur de la liberté russe”, renchérit l'écrivain Edouard Limonov sur son blog hébergé par le site de la radio russe d'opposition Echo de Moscou.
• Glucksmann et l'argent tchétchène. Le philosophe, André Glucksmann a carrément "honte" pour l'acteur français. Dans l'édition en ligne du quotidien berlinois Tagesspiegel, il reproche à Gérard Depardieu d'entretenir une relation étroite avec le président russe mais aussi et surtout avec l'homme de Moscou, Ramzan Kadyrov, le président de Tchétchénie. Ce nationaliste radical, dont les milices sont toujours en activité, est accusé de multiples exactions et crimes par les ONG de défense des droits de l'Homme ainsi que de l'assassinat de journalistes.
L'écrivain accuse notamment l'acteur "de toucher de l'argent" de la part de Ramzan Kadyrov et désormais d'obtenir "un passeport sur intervention extraordinaire de Poutine". Le philosophe ne désespère pas et escompte "qu'il saisira cette occasion pour rompre avec Poutine".
• Rubinstein et les impôts. La Russie est connue pour son impôt sur le revenu de 13% pour tous. L'arrivée de Gérard Depardieu en Russie ravie l'écrivain et opposant à Poutine, Lev Rubinstein : "Cher monsieur Depardieu, n'hésitez pas, venez en Russie. Vos impôts seront consacrés à de bonnes œuvres : nouvelle augmentation pour les Tchékistes (agents des services de sécurité), les procureurs, les juges et les gorilles armés de matraques qui passent à tabac les jeunes garçons et filles et les vieilles dames constituant une menace pour notre stabilité", a-t-il ironisé sur sa page Facebook avant de lui lancer un avertissement : "vous allez être étonné de voir à quel niveau va se retrouver votre réputation parmi les gens comme il faut dans de nombreux pays".