L’arrestation de Luka Magnotta rassure les Canadiens. Mais des zones d’ombres demeurent.
"Vous m'avez eu". Les quelques mots prononcés par Luka Rocco Magnotta au moment de son arrestation lundi à Berlin sont à la Une de tous les journaux canadiens mardi. "Il n’avait même pas pris la peine de se déguiser", souligne Le Soleil au sujet du tueur présumé de Jun Lin, un étudiant chinois dont le corps a été dépecé dans la nuit du 24 au 25 mai dernier à Montréal.
Mais l’entourage de l’étudiant chinois attend désormais des réponses à ses questions. "Je veux la vérité", explique un de ses amis au journal canadien La Presse. "Je veux savoir comment il a rencontré mon ami et pourquoi il l'a tué". L’ancien colocataire de la victime a lui aussi fait part de son impatience à voir Luka Rocco Magnotta traduit devant la justice. "J'ai besoin de savoir pourquoi. Sinon, tout ça n'a aucun sens, " a-t-il confié à La Presse.
Car l’arrestation du "dépeceur" est loin d'avoir éteint toutes les inquiétudes de l’autre côté de l’Atlantique. "C'est évident que, le problème, c'est de savoir s'il y a encore des colis qui circulent à l'intérieur du système postal", a par exemple relevé Denis Lemelin, président du Syndicat des travailleurs et travailleuses des postes, interrogé par Radio Canada.
Un lien avec un autre meurtre ?
Concernant l'enquête, les services de police de Gatineau procèdent encore des vérifications notamment pour voir s'il existe des liens entre Luka Rocco Magnotta et le meurtre d'une femme durant l'été dernier. "C'est plus une vérification de routine. On a toujours dit qu'on ne laissait rien au hasard. Alors, c'est exactement ce qu'on fait", souligne Jean-Paul Lemay, des services de police de Gatineau.
"Lorsque nous sommes en face d'un individu qui a un tel modus operandi, ce sont des choses que l'on regarde, mais pour le moment, rien ne nous permet de le relier à d'autres crimes", a tempéré de son côté Ian Lafrenière, commandant de la police de Montreal, cité par le Journal de Montréal.
En attendant les conclusions de l'enquête, certains experts proposent déjà leurs analyses. Pour Hugo Dumas chroniqueur au journal La Presse, "Luka Rocco Magnotta n'est pas Dexter", en référence au célèbre héros de série télévisée. "Les scènes de meurtre dans la série Dexter nous montrent une violence froide, propre et très esthétisée", souligne-t-il. "Ça n’a rien à voir avec les atrocités commises par l’acteur porno cheap Luka Rocco Magnotta dans son appartement miteux".
"Il ne faut pas oublier ça"
Lundi, des anonymes sont venus déposer des fleurs à l'Université Concordia, où étudiait Jun Lin. La classe politique s’est quant à elle fendue d’hommages à la police et à la victime. En visite à Londres pour célébrer le Jubilé du diamant de la reine Elizabeth II, le premier ministre Stephen Harper s'est dit lundi "heureux" de cette arrestation, saluant le "travail" et la "collaboration des différentes autorités policières".
De son côté, Bob Rae, le chef par intérim du Parti libéral, a lui salué la mémoire de la victime. "Il faut se souvenir qu'il y a une personne qui est morte", a-t-il souligné à la télévision canadienne. "Il y a un jeune immigrant qui est venu au Canada pour étudier, pour faire son travail et ce jeune homme n'est plus, à cause d'un meurtre terrible, horrible, épouvantable. Il ne faut pas oublier ça".