En pleine polémique française sur la dépénalisation du cannabis après les propos de Vincent Peillon, cette étude publiée outre-Manche tombe à pic. Un rapport de la Commission britannique pour les politiques de la drogue (UKDPC), un organisme indépendant, plaide, non pas pour la légalisation, mais en faveur de la décriminalisation du cannabis, explique le Guardian. Ce rapport est fruit d’un travail mené pendant six ans par des scientifiques, des policiers, des universitaires et des experts, pour qui il y a "urgence".
Les politiques actuellement en vigueur en Grande-Bretagne, jugées simplistes, n’ont en effet selon eux qu’un impact limité, et, dans certains cas, seraient même contre-productives. Les grosses saisies de substances illicites n’ont ainsi qu’un impact très limité sur l’offre disponible et les campagnes d’informations dans les écoles conduisent paradoxalement certains jeunes à se tourner vers la drogue, s'inquiète le rapport.
"Effet bénéfique" de la drogue
Les auteurs appellent donc à un changement radical et affirment : "le fait de consommer de la drogue n’est pas toujours une source de problème, mais les pouvoirs publics en sont rarement conscients". Ces experts vont même plus loin et assurent que "dans la plupart des cas, les usagers n’ont pas de problème majeur, et certains éléments laissent même penser que l’usage de drogue peut avoir, dans certaines circonstances, un effet bénéfique".
C’est pourquoi le rapport de l'UKDPC appelle à remplacer les sanctions pénales et les avertissements délivrés aux consommateurs de cannabis par de simples amendes. Le fait d’imposer des sanctions minimales, voire pas de sanction du tout, aux personnes faisant pousser du cannabis pour leur usage personnel permettrait en outre d’affaiblir un business florissant pour le crime organisé.
Pas de légalisation
Pas question toutefois de légaliser la drogue, car la vente libre d’héroïne ou de cocaïne risquerait de causer plus de dommages qu’à l’heure actuelle. Mais, pour les experts, puisque les "sociétés libres" acceptent certains comportements "égoïstes ou à risque", en cherchant à les limiter mais sans les interdire complètement, comme les jeux d’argent ou le fait de manger de la junk food", elles peuvent très bien accepter la consommation de drogue.
Le gouvernement britannique, peut-être un peu vexé de s’entendre dire que les 3 millions de livres, soit près de 4 millions d’euros, dépensés chaque année en politique antidrogue ne servaient à rien, a renvoyé le UKDPC dans ses cordes. "Nous demeurons convaincus que notre approche ambitieuse est la bonne", a-t-il ainsi réagi, selon la BBC, assurant que la consommation de drogue avait atteint "son plus bas niveau" et qu’il n’était donc pas question de changer d’orientation.