L'Église n’en a pas fini avec les scandales de pédophilie. A quelques semaines de la désignation du successeur de Benoît XVI, la polémique enfle autour d’un cardinal américain qui doit participer au conclave avec une centaine de ses pairs. Roger Mahony, 76 ans, ex-archevêque de Los Angeles, est accusé d’avoir couvert les agissements de dizaines de pédophiles. Et il n’est pas le seul.
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Roger Mahony relevé de ses fonctions. La présence de l’ex-archevêque de Los Angeles au conclave pourrait s’avérer gênante : il y a un mois, Roger Mahony a été relevé de toutes ses fonctions "administratives et publiques" pour avoir couvert des prêtres, auteurs de dizaines d’actes pédophiles commis dans son diocèse dans les années 80. En 2007, l’archevêché de Los Angeles avait, sous la direction de Roger Mahony, accepté de verser 660 millions de dollars à 500 victimes présumées. Des documents publiés dans la presse avaient révélé des échanges compromettants entre l’archevêque et un conseiller, les deux hommes réfléchissant à un moyen d’empêcher des prêtres pédophiles de tomber entre les mains de la police.
L’association de catholiques américains Catholics United a même lancé une pétition pour l’empêcher de se rendre au Vatican. "Restez à la maison", implore l’association. "Votre implication dans le scandale de pédophilie de l’Église et votre interdiction d’exercer un ministère public […] devraient être pour vous une indication que vous ne devez pas assister au prochain conclave papal", poursuit la pétition en ligne. Mercredi, l’ex-procureur anti-pédophilie du Vatican a toutefois clarifié les choses : certes, le cardinal américain a "commis des erreurs", mais il devrait tout de même participer au conclave.
D’autres cardinaux dans le viseur. Roger Mahony n’est pas le seul "mouton noir" attendu dans la Chapelle Sixtine : l’association britannique Survivors Europe, qui rassemble des victimes de prêtres pédophiles, en a recensé plusieurs autres.
Godfried Danneels, un cardinal belge de 79 ans, a ainsi été mis en cause il y a trois ans après la saisie de documents prouvant qu’il aurait aidé à cacher des cas de pédophilie.
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Le cardinal irlandais Sean Brady est également sur la sellette. En 2012, celui qui fut le chef de l’Église irlandaise pendant seize ans avait présenté des excuses pour n’avoir pas dénoncé à la police des exactions d’un prêtre pédophile de son diocèse, dans les années 70.
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Un autre Américain figure aussi sur la liste : le cardinal Justin Rigali, retraité de l’archevêché de Philadelphie. Cet homme de 77 ans aurait quitté ses fonctions en raison de ses liens avec une série d’abus commis par 37 prêtres.
La défense du Vatican. Les associations de victimes estiment que le comportement de Roger Mahony est emblématique de ce que Benoît XVI n’a pas réussi à faire au sein de l’Église : un grand ménage. Mais pour les partisans du pape, celui-ci a au contraire été le premier souverain pontife à s’attaquer au problème de la pédophilie dans l’Église. Benoît XVI a "lutté pour faire le ménage et agir pour le bien-être des victimes", plaide ainsi Mgr Charles J. Scicluna, ex-procureur général du Vatican, interrogé par La Repubblica.