L’info. Certaines familles n’ont trouvé que ce moyen pour survivre. Dans les camps de réfugiés en Jordanie, des jeunes filles sont vendues à de riches Saoudiens pour des mariages qui ne durent parfois que quelques semaines, rapportent plusieurs médias. Bien souvent, ces "unions" ne sont en effet qu’une façade pour ces hommes en quête de relations sexuelles dissimulées derrière un mariage précaire, indique la chaîne américaine CBS News.
"Vous pouvez appeler ça du viol, de la prostitution, comme vous voulez, en tout cas, c’est s’en prendre aux plus faible", dénonce auprès de la BBC un représentant de l’agence de l’ONU pour les réfugiés, Andrew Harper. La pratique n’est pas nouvelle, mais elle prospère en raison de la misère qui règne dans les camps de réfugiés en Jordanie, où vivent plus de 380.000 Syriens, selon El Pais. Zoom sur les parcours de trois jeunes réfugiées.
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Aya, 17 ans, "un mois de cauchemar". Âgée de 17 ans, Aya a fui la Syrie avec sa famille il y a un an. Elle a été vendue à un Saoudien de 70 ans, pour la somme de 3.500 dollars, soit 2.700 euros, puis abandonnée un mois plus tard, indique CBS News. "Ce mois a été un cauchemar", raconte la jeune fille, qui a "passé la moitié du temps à pleurer". "Il ne me laissait pas parler à ma famille. Mais je n’avais pas le choix", ajoute Aya, qui confie ressentir aujourd’hui de la honte.
Le reportage de CBS News :
Kazal, 18 ans, jeune divorcée. Le "mariage" de Kazal, 18 ans, a duré seulement une semaine, rapporte de son côté la BBC. La jeune femme a épousé un Saoudien de 50 ans, qui avait donné à sa famille la somme de 3.100 dollars, soit 2.400 euros. Elle se dit "heureuse" d’être divorcée. "Il me traitait comme une servante et ne me respectait pas en tant qu’épouse. Il était très strict", explique-t-elle. Si Kazal a accepté d’épouser un Saoudien, c’est pour "aider sa famille". "Quand je me suis fiancée, j’ai beaucoup pleuré. Je ne me marierais plus pour de l’argent", assure Kazal, qui confie qu’avant la guerre, elle était amoureuse de son voisin, à Homs. Et que dans le futur, elle espère bien "épouser un Syrien qui aura [son] âge".
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Um Mazed, 28 ans, entremetteuse. Um Mazed, elle aussi réfugiée syrienne, vient de Homs, comme Kazal. Mais elle gagne sa vie en mettant en contact riches Saoudiens et familles de Syriens en manque d’argent, explique la BBC. Mère de trois enfants, elle traite avec des hommes ayant en général "entre 50 et 80 ans". Ce qu’ils demandent ? "Des filles à la peau pâle, avec des yeux bleus ou verts. Ils les veulent très jeunes, pas plus de 16 ans". Pour chaque jeune fille présentée à un Saoudien, elle touche 70 dollars. Si la rencontre débouche sur un "mariage", elle en gagne 310 de plus. Quant à savoir si ces unions s’apparentent à de la prostitution, elle est catégorique : certainement pas, "puisqu’il y a un contrat entre les époux". La morale est sauve.