L’INFO. C’est l’histoire d’un sauvetage improbable, à quelque 2.000 kilomètres de distance. 31 migrants en perdition en Méditerranée ont pu être sauvés il y a quelques jours grâce à l'alerte donnée par le commissariat de Poissy, dans les Yvelines. L’un des naufragés était en fait parvenu à joindre son frère résidant dans les Yvelines.
L’appel désespéré d’un naufragé. L'histoire commence samedi, peu avant minuit : le commissariat de Poissy, en banlieue parisienne, reçoit la visite d'un Kurde irakien, Allan, âgé de 33 ans et parlant mal le français. Accompagné par une femme faisant office d'interprète, il explique avoir reçu dix minutes plus tôt un appel désespéré de son frère, Rekan. "Il lui a dit qu’il est en pleine mer entre la Grèce et l’Italie, qu’ils connaissent des conditions de mer très défavorables et que la barque prend l’eau", a raconté le commissaire de Poissy, Yann Bessette à Europe1. Le jeune homme n’est pas seul à bord de la barque qui menace de chavirer : une trentaine de compagnons d'infortune se trouvent avec lui, dont quatre mineurs.
La chaîne des secours déclenchée. "A partir de là, la policière à l’accueil prend immédiatement conscience de la gravité des faits et décide d’enclencher la chaîne des secours", raconte Yann Bessette. "Elle informe donc le Centre d'Information et de Commandement des Yvelines qui lui-même prendra attache avec le centre régional opérationnel de surveillance et de sauvetage de Méditerranée (Cross Med) qui eux-mêmes se chargeront d’avertir les autorités maritimes grecques et italiennes".
31 migrants sains et saufs. Dimanche, les autorités grecques ont finalement réussi à récupérer un bateau avec à son bord 31 migrants au large des côtes de Céphalonie, en mer ionienne, qui sépare l'Italie et la Grèce, a indiqué une source maritime grecque. Cette dernière n'était toutefois pas en mesure de dire dans l'immédiat qui avait donné l'alerte. Allan, qui a pu joindre son frère rescapé, a expliqué au commissaire que "les migrants auraient été déposés sur une île grecque et devaient être conduits à Athènes".
Secourir, sans juger. "Le cœur du métier de la police à Poissy, ce n’est pas de faire du secours en mer mais c’est de porter assistance à des personnes en danger et c’est exactement ce qu’a fait la policière", se félicite Yann Bessette. "En l’occurrence, le résultat est extraordinaire : un secours en haute mer avec 30 personnes… Mais ce qu’elle a fait, elle, c’est finalement ce que font tous les policiers : organiser de l’assistance à personne en danger en n'ayant pas de parti pris sur l’histoire qu’on lui racontait", analyse-t-il aujourd'hui.