Quand le paquebot a fait demi-tour pour sauver 345 migrants de la noyade, son capitaine ne pensait sûrement pas voir son bateau bloqué par une partie d’entre eux, refusant de mettre le pied sur l’île de Chypre.
Secourus de la mort. Jeudi, le Salamis Filoxenia, un paquebot de croisière transportant 700 touristes, reçoit l’appel de détresse d’un chalutier. A son bord, 345 migrants, principalement syriens, à deux doigts de la noyade. "La mer était terrible", raconte une Chypriote qui profitait de la croisière. Le capitaine du navire décide de faire demi-tour pour aller au secours de ces personnes, dont 52 enfants, parfois très jeunes, et "beaucoup de femmes enceintes", se souvient une passagère du paquebot.
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Les réfugiés avaient déjà passé trois jours en mer dans des conditions météorologiques très difficiles avant d’être secourus. Ils ont échappé de peu à la mort. Mais quand le bateau de croisière accoste dans un port de Limassol, dans le sud du Chypre, une partie des migrants tient tête à l’équipage et refuse de débarquer. Ils veulent que le paquebot les emmène jusqu’en Italie.
Six heures de discussion. Après plus de six heures de négociations, les 280 récalcitrants ont fini par poser le pied sur terre. "Ils sont tous descendus du bateau. Cela s’est passé à partir de 5h. La police est allée à l’intérieur, elle n’a rien fait (simplement négocié, ndlr.). Tout s’est passé calmement", a expliqué Marinos Papadopoulos, le directeur adjoint de la Défense civile à Limassol.
Les autorités avaient aménagé une infrastructure pour que les migrants puissent être enregistrés et soignés, même s’ils se trouvent "tous en bonne santé", selon Georges Ppouro, le patron du port de Limassol.
En 2013 et début 2014, l’ONG Amnesty international avait durement critiqué les conditions d’accueil des migrants sur l’île de Chypre. Un traitement "honteux", des mois de détention "dans une prison qui ne dit pas son nom", dénonçait l’association.
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