Deux ados lynchés à mort en Egypte

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Les villageois, qui les accusaient d’enlèvement, les ont torturés. Une violence qui progresse.

Leur supplice aura duré quatre heures. Mahmoud, 17 ans, et Abdel-Rahman, 18 ans, ont été roués de coups avant d’être pendus par les pieds par les habitants du village de Mahalet Zeyad, dans la province de Ach-Charqiya, au nord-est du Caire, mi-mars.

Filmés et photographiés

Leur crime ? On ne le sait pas bien. Certains disent qu’ils auraient volé, d’autres qu’ils avaient tenté d’enlever une femme. Capturés par les habitants, les deux jeunes hommes n’ont, de toute façon, pas eu le temps de s’expliquer. C’est ce que rapportent les Observateurs de France 24.

Comble de l’horreur, les centaines d’habitants qui ont participé à ce lynchage public ont filmé et pris en photo les corps des deux hommes  avant de les diffuser sur les réseaux sociaux. En quelques jours, les clichés ont fait le tour du web.

Des habitants armés, une police inexistante

Et le cas de Mahmoud et d’Abdel-Rahman n’est malheureusement pas isolé, souligne les Observateurs. Rien que dans la région d'Ach-Charqiya, dix-sept lynchages auraient eu lieu depuis la révolution. Souvent les images se retrouvent sur les réseaux sociaux.

Ce reportage, en anglais, de la BBC revient sur les problèmes d'insécurité en Égypte :

"Les habitants ne peuvent plus compter sur la police alors ils font justice eux-mêmes", constate Tewick Aclimandos, chercheur associé à la chaire d'histoire contemporaine du monde arabe, au Collège de France, interrogé par Europe1.fr.

L’Egypte, une vraie passoire pour les armes

La police, autrefois pilier du régime autoritaire de Hosni Moubarak, se heurte au ressentiment d'une large partie des Egyptiens, qui l'accusent de perpétuer des pratiques violentes face à la population et d'inefficacité contre les délinquants.

"La police s’est complètement effondrée après la révolution, elle beaucoup moins armée qu’avant, alors que les habitants eux le sont davantage", ajoute-t-il. Selon l’expert, le pays serait devenu "une vraie passoire pour les armes, venues de Libye, du Soudan et un peu d’Israël".

>> A lire aussi : L'Etat égyptien au bord du chaos.

Le ministre de la Justice, Ahmed Mekki, a affirmé récemment que ces  violences de la part de la population, sur fond d'absence et de large discrédit de la police, "étaient un des signes de la mort de l'Etat", avant d’ajouter qu’ "un gouvernement qui ne peut pas protéger les citoyens est un gouvernement injuste".