Bochra Ben H’Mida avocate et ex-présidente de l’Association Tunisienne des Femmes Démocrates s'est exprimée sur Europe jeudi à propos des manifestations pour le droit des femmes qui se déroulent en Tunisie depuis quelques jours. Les manifestants s'opposent au projet de loi qui évoque la "complémentarité" des sexes, et non l'"égalité".
"Ce mot a beaucoup choqué l'opinion publique parce qu'il implique l'absence d'égalité et la maintient de cette inégalité. Quand on parle de complémentarité, ça veut dire que l'un complète l'autre, ça veut dire que l'un n'est pas complètement citoyen, pas complètement égal, et forcement, ce sont les femmes qui n'ont pas les mêmes droits que les hommes" déplore l'avocate.
Bochra Ben H’Mida regrette également l'attitude du parti islamiste Ennahda. "A chaque fois qu'ils ont l'occasion de glisser des lois, des mots pour revoir le statut des femmes en Tunisie, ils le font", accuse-t-elle. "La Constitution doit réglementer la relation de l'Etat au citoyen ou des institutions étatiques, mais dans cette Constitution le parti Ennahda veut régler les relations entre époux", s'inquiète l'avocate. Cette dernière appelle donc "les pays amis" à soutenir la cause des Tunisiennes. "Nous attendons des pays amis d'être conséquents avec eux-mêmes et d'ouvrir les yeux. Les Tunisiens ont fait la révolution pour la citoyenneté, la dignité des Tunisiens et Tunisiennes, et il faut les soutenir", estime-t-elle.