Le LSD peut être un outil efficace dans la lutte contre l'alcoolisme, a affirmé jeudi un scientifique norvégien qui ambitionne d'ouvrir à Oslo une clinique offrant des traitements à base de substances hallucinogènes.
"Des études montrent que le LSD combiné à d'autres méthodes de traitement a de meilleurs effets contre la dépendance à l'alcool qu'un simple traitement" sans LSD, a déclaré Paal-Oerjan Johansen, chercheur à l'Université norvégienne de sciences et de technologie de Trondheim.
Ayant analysé avec son épouse, elle aussi chercheuse, les travaux réalisés aux Etats-Unis sur les effets du produit, M. Johansen affirme qu'une simple dose de LSD contribue pendant "au moins six mois" à réduire les risques de rechute des alcoolo-dépendants et à les convaincre d'une totale abstinence.
Les applications médicales potentielles du LSD ont fait l'objet de nombreuses recherches après la guerre, jusqu'à ce que ce produit soit classé dans la catégorie des psychotropes.
Dans le traitement qu'il préconise, une simple dose de drogues hallucinogènes serait administrée "à des patients informés, sous supervision, dans un cadre confortable" pour les aider à méditer sur leur consommation d'alcool, à prendre conscience de leur situation et à y mettre un terme, a expliqué M. Johansen.
"Les drogues hallucinogènes ne sont pas toxiques ni addictives", fait valoir M. Johansen. "Pour tout traitement, il y a une évaluation des risques qui tient compte des avantages et des inconvénients. L'alcoolisme est une des causes de mortalité les plus répandues dans le monde occidental alors que personne n'est jamais mort d'un traitement au LSD". Celui-ci peut toutefois provoquer angoisse et confusion chez le patient pendant le traitement, a-t-il dit.
L'Institut national britannique de recherche sur la santé a estimé que "les conclusions prudentes (du couple de chercheurs, ndlr) étaient probablement fiables" mais qu'"elles pourraient ne pas être généralisables sur les populations cliniques d'aujourd'hui à partir de celles des années 1960".
Dans le cadre de ses travaux, M. Johansen affirme par ailleurs avoir établi que le LSD et les autres drogues hallucinogènes comme les "champignons magiques" n'accroissaient pas les risques de problèmes mentaux. Au contraire, il existe, selon lui, des "associations significatives" entre la consommation de telles substances et un taux moindre de désordres psychologiques graves, sans qu'il soit possible d'expliquer cette corrélation.
Avant de pouvoir ouvrir sa clinique, M. Johansen devra obtenir l'aval des autorités médicales norvégiennes. Pour contourner les sévères restrictions sur l'usage médical du LSD et de substances similaires, son dossier devra s'appuyer sur une "documentation scientifique solide", a indiqué Steinar Madsen, un responsable de l'Agence norvégienne du médicament. "Ce traitement ne pourra de toute façon pas être administré à un grand nombre de patients mais seulement à des cas tout à fait particuliers", a-t-il dit.