Europe 1 a appris qu’une nouvelle étape a été franchie dans la procédure de libération conditionnelle d’Ali Vakili Rad, cet agent du régime islamiste de Téhéran, condamné à 18 ans de prison, en 1994, pour l’assassinat, à Suresnes, du premier ministre iranien en exil, Chapour Bakhtiar.
Son avocat, Me Sorin Margulis, nous a confirmé que son client avait terminé sa période d’évaluation, menée par la commission pluridisciplinaire, l’organisme chargé de donner son avis sur une éventuelle remise en liberté. Ali Vakili Rad a donc passé six semaines à la centrale de Fresnes, seule prison habilitée pour ce type de procédure, avant de réintégrer, il y a quinze jours, sa cellule de Poissy.
La commission pluridisciplinaire doit désormais statuer. Puis elle transmettra ses conclusions au tribunal d’application des peines, qui prendra la décision finale. Une audience devrait être fixée à la fin du mois de janvier. Si les juges tranchent en faveur d’une libération conditionnelle, le ministre de l’Intérieur pourra alors prendre une mesure d’expulsion en urgence absolue qui permettra à Ali Vakili Rad de retourner en Iran.
Depuis cet été, les dirigeants iraniens ont expliqué à plusieurs reprises et à tous leurs interlocuteurs français, qu’une libération d’Ali Vakili Rad favoriserait un non-lieu dans l’affaire de Clotilde Reiss, la jeune universitaire française qui a été arrêtée le 1er juillet dernier à Téhéran.
Les autorités françaises nous assurent qu’aucune tractation ou négociation n’a été engagée avec le régime iranien. Elles se refusent à mettre sur le même plan une innocente accusée d’avoir pris des photos de manifestations de l’opposition et l’exécuteur d’un crime politique.
L’avocat d’Ali Vakili Rad nous affirme n’avoir jamais eu connaissance d’une quelconque demande d’échange entre son client et Clotilde Reiss.
Il est, en revanche, difficile de ne pas noter la concomitance des calendriers judiciaires français et iraniens. La Cour d’appel de Paris a rendu, le 2 juillet, un arrêt mettant fin à la peine de sureté d’Ali Vakili Rad. Me Margulis a déposé une requête de mise en liberté conditionnelle le 14 août. Soit deux jours avant que le tribunal révolutionnaire de Téhéran accepte une libération sous caution pour Clotilde Reiss, à condition qu’elle réside à l’ambassade de France.
La jeune française se rendra à nouveau devant ses juges, mercredi, pour une convocation qui pourrait se révéler décisive car elle arrive à un moment clé de la procédure judiciaire iranienne. Clotilde Reiss est entrée dans la dernière phase de l’instruction judiciaire que l’on appelle en Iran "la dernière défense". Une série d’entretiens avec le magistrat chargé de l’affaire et qui, à l’issue de ces auditions, décidera soit d’une condamnation, soit d’une relaxe.
Une option qu’a laissé miroiter le président iranien Mahmoud Ahmadinejad, vendredi dernier, qui a déclaré à l’AFP vouloir "régler cette question. Mais cela dépend de l’attitude des dirigeants français. S’ils corrigent un peu leur comportement et agissent d’une manière équilibrée, cela sera réglé. Ils savent eux-mêmes quoi faire". On peut penser que le président iranien espère ainsi peser sur la justice française et se prépare à crier victoire, si les deux affaires se concluent par deux libérations.