L’INFO. La pire épidémie de fièvre Ebola que l’OMS ait eu à enregistrer dans son histoire pourrait-elle aboutir à la découverte d’un sérum guérisseur ? C’est la question qui agite la communauté médicale mondiale alors que deux médecins volontaires américains se sont miraculeusement remis de leur infection après s’être vu administrer un remède de la dernière chance. Europe1.fr revient sur cette brutale guérison.
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Que s’est-il passé ? Il y a une dizaine de jours, Kent Brantly, 33 ans, et son assistante, Nancy Writebol, 60 ans, ont été contaminés coup sur coup par la fièvre Ebola. Ils se trouvaient au Libéria, en Afrique de l’Ouest, en tant que médecins volontaires pour aider les populations à lutter contre l’épidémie de fièvre mortelle.
A la fin du mois de juillet, alors que leur état empire, l’ONG pour laquelle travaillent les deux volontaires contacte les autorités sanitaires américaines pour savoir s’il existe un traitement expérimental disponible, raconte Libération. C’est par ce biais que les deux malades reçoivent trois fioles de sérum ZMapp en provenance directe des Etats-Unis.
Kent Bratly, qui était dans un état dramatique (il avait déjà appelé sa femme pour lui faire ses adieux), est le premier à se voir administrer une dose du sérum. Miraculeusement, en une heure, ses symptômes s’étaient atténués. Le lendemain, il était capable de prendre une douche seul et de prendre l’avion qui le ramènera aux Etats-Unis. Il faudra deux doses à son assistante pour atteindre un état “stable” et être capable de rentrer, elle aussi, mardi au pays de l’Oncle Sam.
ZMapp, qu’est que c’est ? Le ZMapp est un mélange d’anticorps développés dans des souris à partir d’extraits de tabac. La plante qui bourre les cigarettes se trouve être naturellement très bien protégée contre les virus. Le sérum est le produit d’une coopération de dix ans entre l’armée américaine et le secteur privé. Propriété de l’entreprise Biopharmaceutical Inc. basée à San Diego, en Californie, son développement n’en est pour l’instant qu’à la phase expérimentale.
Il a déjà été testé par le passé sur des singes et les résultats ont été plutôt encourageants. Selon les documents que s’est procurées CNN, quatre macaques infectés par Ebola à qui on avait donné le remède moins de 24 heures après l’infection ont survécu, idem pour les deux autres à qui on a administré le sérum au bout de 48 heures. Selon le Figaro, ces résultats avaient d’ailleurs fait l’objet d’une publication dans la revue Science Transnational Medecine, en juillet 2013.
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Une solution contre Ebola ? A court terme, non, et cela pour plusieurs raisons. Déjà, si le sérum semble en effet avoir sauvé les deux médecins américains, ces derniers ne sont pas encore tout à fait sortis d’affaire. On ne sait pas non plus quel effet à moyen et long terme pourrait avoir le produit sur les patients.
C’est bien justement tout l’intérêt des tests cliniques qui sont généralement réalisés sur les médicaments avant qu’ils ne soient commercialisés, cela pour éviter des problématiques sanitaires évidentes. Si Kent Brantly et Nancy Writebol ont eu accès au ZMapp, c’est d’ailleurs par le biais de la procédure exceptionnelle de “compassionate use”, usage compassionnel. Concrètement, l’utilisation d’un remède non approuvé n’a été autorisé qu’en tant que “dernière chance”.
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Pour développer le sérum à grande échelle, il va donc falloir lancer des essais à grande échelle, mais là encore, les autorités sanitaires se trouvent face à un mur. Selon Anthony Fauci, le directeur de l’Institut américain des allergies et des maladies infectieuses (NIAID), il est “très difficile” de produire des doses en grande quantité du fait de sa complexité.
Quand à penser à distribuer les stocks disponibles du remède pour sauver les personnes infectées aujourd’hui, personne ne veut s’y résoudre. “Il est important de garder à l’esprit qu’une distribution à grande échelle de traitements et de vaccins qui n’en sont qu’aux prémisses de leurs développement ont un grand nombre de conséquences scientifiques et éthiques”, rappelle notamment Médecins Sans Frontières (MSF). Cela dit, trois des spécialistes du virus les plus renommés du monde ont appelé à délivrer des traitements expérimentaux aux populations d'Afrique de l'Ouest au nom d'une "réponse internationale énergique".