L’INFO. Vingt et un enfants sont morts après avoir déjeuné à la cantine de leur école, et 30 autres étaient toujours hospitalisés mercredi, en Inde, dans l'Etat du Bihar, selon un bilan officiel. Le Bihar, région la plus peuplée du pays, est aussi considérée comme étant la plus pauvre.
Du riz et des lentilles. "Vingt et un enfants sont morts après avoir pris leur déjeuner" dans un établissement scolaire public du village de Masrakh, dans la région de Saran, a déclaré le ministre de l'Education du Bihar, P K Shahi. Un précédent bilan avait fait état de huit enfants morts et de 80 malades. Les élèves, qui avaient tous moins de dix ans, avaient à leur menu un plat de riz et de lentilles, préparé dans l'école même.
Un mouvement de contestation. Après ce drame, plusieurs centaines de personnes ont manifesté contre les pouvoirs publics mardi soir. "Ils demandaient des mesures fermes contre les fonctionnaires responsables" selon eux de la mort des enfants, a indiqué un responsable local. Des repas sont fournis gratuitement aux élèves issus de familles démunies dans les écoles publiques de la plupart des 29 Etats indiens. Les éducateurs et les enseignants estiment que la gratuité des repas permet d'accroître l'assiduité des écoliers indiens.
Des traces de phosphate. Les premiers éléments de l'enquête ont révélé la présence probable de phosphate contenu dans un insecticide, selon un responsable du gouvernement local. La cause des décès serait un empoisonnement pour lequel les malades sont traités à l'atropine, un antidote généralement utilisé contre les effets des gaz neurotoxiques, a-t-il ajouté. Le chef du gouvernement du Bihar, Nitish Kumar, a ordonné l'ouverture immédiate d'une enquête et annoncé qu'une équipe d'experts en médecine légale avait été dépêchée.
Selon des habitants de Masrakh cités par la presse, de l'huile de moutarde contaminée, fort odorante, utilisée pour cuisiner pourrait également être en cause. "Les enquêteurs examinent des échantillons du repas et des vomissures des victimes. Seules les conclusions finales de l'enquête prévaudront", selon un responsable du gouvernement local. Le gouvernement du Bihar s'est engagé à verser 200.000 roupies (2.500 euros) aux familles des victimes.
Des intoxications fréquentes. Les intoxications alimentaires dans les écoles sont fréquentes en Inde, en raison d'un niveau d'hygiène trop faible dans les cuisines de ces établissements et, parfois, de la mauvaise qualité de la nourriture qui y est servie. L'an dernier, plus de 130 élèves avaient dû être hospitalisés à Pune, dans l'ouest de l'Inde, après une intoxication alimentaire. Une enquête a révélé que leur repas avait été contaminé par la bactérie E.Coli.
La faute à la flambée des prix. Les prix alimentaires flambent depuis six ans en Inde, aggravant le quotidien de 455 millions d'Indiens vivant, selon la Banque mondiale, sous le seuil de pauvreté. Le gouvernement indien a approuvé début juillet par décret un vaste programme d'aide alimentaire pour les plus défavorisés, une mesure longtemps reportée et annoncée à un an d'élections générales par un pouvoir qui tente de redorer son blason. Ce programme devrait être le plus vaste au monde, avec une aide alimentaire destinée à près de 70% de la population, soit plus de 800 millions d'habitants. Il garantit un approvisionnement mensuel compris entre 3 et 7 kg de céréales par personne, en fonction des niveaux de revenus de chacun.