L'INFO. Le pouvoir en Egypte et les partisans du président islamiste déchu Mohamed Morsi semblaient dimanche au bord d'une nouvelle confrontation. Une impasse qui a décidé la chef de la diplomatie européenne Catherine Ashton à revenir au Caire.
Un bilan humain lourd. Les violences politiques ont fait deux morts parmi les fidèles de Mohamed Morsi, un à Port-Saïd (nord-est) et un Kafr el-Zayat (nord), et une trentaine de blessés, au lendemain de la mort de 72 personnes dans des affrontements entre pro-Morsi et policiers. Les forces de sécurité ont en outre annoncé avoir tué dix "terroristes" dans la péninsule du Sinaï, en proie à une rébellion larvée.
La présidence est "attristée". La présidence intérimaire s'est déclarée "attristée par l'effusion de sang" dans les affrontements samedi entre forces de sécurité et partisans de Mohamed Morsi, dans le nord-est du Caire, près d'un site où ces derniers campent depuis sa destitution le 3 juillet, pour exiger son rétablissement. "Nous ne pouvons pas dissocier cela du contexte de terrorisme", a néanmoins ajouté Moustapha Hegazy, un conseiller du président par intérim Adly Mansour. Celui-ci a qualifié de "source de terrorisme" le campement, dont le ministre de l'Intérieur Mohamed Ibrahim, qui a réaffirmé qu'il était prêt à faire preuve de la "plus grande fermeté", a promis le démantèlement "très prochainement".
Les autorités de transition "utilisent tous les canaux pour trouver une solution afin d'épargner le sang et sauver la face" des manifestants de Rabaa al-Adawiya, a toutefois ajouté le conseiller de la présidence.
Les Frères musulmans ne veulent pas négocier avec l'armée. Les fidèles du chef de l'État déposé de leur côté maintenaient intacte leur revendication de le voir retrouver ses fonctions. "Il y a des sentiments de tristesse et de colère, mais aussi une énorme détermination" dans le camp des partisans du président destitué, a affirmé un porte-parole des Frères musulmans, Gehad el-Haddad. "Nous acceptons toute initiative, pourvu qu'elle soit fondée sur la restauration de la légitimité et annule le coup d'État. Nous ne négocierons pas avec l'armée", a-t-il dit, excluant tout compromis qui avaliserait la destitution de Mohamed Morsi, premier président du pays élu démocratiquement.
Ashton se rend au Caire. Face à cette impasse, Catherine Ashton était attendue dans la soirée au Caire, pour des entretiens essentiellement prévus lundi. Il s'agit de sa deuxième visite en Egypte en moins de deux semaines. Elle y rencontrera Adly Mansour, le vice-président Mohamed ElBaradei, ainsi que "des représentants de forces politiques", selon un communiqué du bureau de Mohamed ElBaradei. Ce dernier compte lui "affirmer le souci de l'Égypte de parvenir à une issue pacifique à la crise actuelle". Les Frères musulmans ont indiqué que certains de leurs dirigeants rencontreraient la responsable européenne.