L’INFO. Mohamed ElBaradei, désigné samedi pour diriger le gouvernement égyptien, est populaire parmi les militants pro-démocratie pour ses combats contre Hosni Moubarak, puis Mohamed Morsi, mais aussi pour ses prises de position passées contre l'armée. Il a été choisi en début de semaine par l'opposition pour être sa "voix" et la représenter dans les discussions sur la transition politique qui s'est ouverte avec la chute de Mohamed Morsi, renversé mercredi par les militaires. Celui qui a fondé le parti al-Dostour (parti pour la Constitution) s’est imposé comme une des figures de proue de la mouvance laïque et libérale.
Pourquoi lui ? Mohammed ElBaradei, choisi par l'opposition égyptienne pour la représenter dans la mise en place de la transition politique annoncée par l'armée, est populaire parmi les militants pro-démocratie pour ses combats politiques. Cet ancien chef de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), réputé intègre et austère, représente l’homme du consensus qui rassemble les plus importants partis et mouvements hostiles au président islamiste Mohamed Morsi, écarté par l'armée mercredi.
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Quelle est sa tâche ? Le Front lui a confié mardi la responsabilité "d'assurer l'exécution des revendications du peuple égyptien et de préparer un scénario visant à réaliser la feuille de route (de l'opposition) pour une transition politique". Mercredi, il a déclaré que la feuille de route présentée par l'armée "répond aux revendications du peuple", après avoir rencontré dans la journée le chef de l'institution militaire, le général Abdel Fattah al-Sissi.
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Qui est-il ? Opposant au régime Moubarak puis critique virulent du conseil militaire qui a assuré la direction du pays pendant seize mois après sa chute, l'ancien dirigeant de l'AIEA (1997-2009) a reçu le prix Nobel de la Paix en 2005 pour son travail et celui de l'organisation contre la prolifération des armes nucléaires. En 2012, il avait déclaré forfait pour la course à la présidence égyptienne, accusant le pouvoir militaire de transition, à l'époque dirigé par le maréchal Hussein Tantaoui, de perpétuer le système répressif. Médiocre orateur mais animé de convictions démocratiques affirmées, l'ex-fonctionnaire international avait fait un retour triomphal au pays début 2010, accueilli par des centaines de ses partisans à l'aéroport du Caire.
Il séduit la jeunesse éduquée. Très vite, il tente de fédérer l'opposition autour d'un projet de réformes. Il séduit dans les milieux de la jeunesse éduquée, des intellectuels et des classes moyennes urbaines, qui formeront l'avant-garde de la révolte contre Moubarak. Il souffre toutefois d'un manque de visibilité dans l'Egypte profonde. Le pouvoir lance à l'époque une virulente campagne contre lui, le présentant comme déconnecté de la réalité égyptienne, voire comme un agent de l'étranger. Des photos dans la presse de sa fille Laïla en maillot de bain - notamment lors de son mariage où du vin est servi - ont choqué la société musulmane conservatrice.
Un gouvernement de salut national. Dès le début de la révolte anti-Moubarak, il se rend place Tahrir pour haranguer la foule et promettre "le début d'une ère nouvelle". A l'automne 2011, alors que Le Caire traverse de nouvelles manifestations contre le pouvoir dirigée par les forces armées, il se dit prêt à prendre la tête d'un "gouvernement de salut national". Tahrir, où il se rend parmi les manifestants, lui fait un nouveau triomphe, mais son appel reste sans suite.