Gilles Kepel, professeur à Sciences-Po et spécialiste du monde arabe, était jeudi matin l'invité d'Europe 1, au lendemain de violents affrontements au Caire, qui ont fait plusieurs centaines de morts. Selon lui, "l'irréparable a été commis".
>> A LIRE AUSSI : L'Egypte en Etat d'urgence
"L'armée a considéré qu'il n'était pas possible de négocier, et les Frères Musulmans ont eux aussi considéré qu'ils devaient aller à l'affrontement. Résultat, on est aujourd'hui dans une situation particulièrement clivée, avec un bilan qu'on ne connait pas -280 morts officiellement, probablement davantage-, des appels à manifester et à la violence, des dirigeants islamistes arrêtés, et l'armée qui considère qu'elle a le dessus", résume Gilles Kepel.
>> A LIRE AUSSI : les violences ont fait 278 morts
Le risque, estime-t-il, c'est que les violences égyptiennes s'étendent au reste du monde arabe : "ça a déjà fait tâche d'huile, notamment en Tunisie, où deux dirigeants laïcs ont été assassinés par des salafistes radicaux, l'Assemblée constituante a cessé de fonctionner car les opposants refusent de siéger, et il y a des manifestations quotidiennes pour obtenir la démission du gouvernement."