Égypte : Morsi reprend la main

Mohamed Morsi a été qualifié de "nouveau pharaon" après avoir renforcé ses pouvoirs. © REUTERS
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avec agences

Le président égyptien a considérablement renforcé ses pouvoirs. L’opposition est en colère.

L’opposition le surnomme désormais le "nouveau pharaon". Le président égyptien Mohamed Morsi, d’obédience islamiste, a décidé jeudi de renforcer ses pouvoirs, particulièrement face à la justice. Lui qui cumule déjà les pouvoirs exécutif et législatif peut "prendre toute décision ou mesure pour protéger la révolution", a annoncé son porte-parole. "Les déclarations constitutionnelles, décisions et lois émises par le président sont définitives et ne sont pas sujettes à appel", a-t-il prévenu.

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Aucune instance judiciaire ne peut désormais dissoudre la commission qui doit rédiger la future Constitution du pays. Cette instance, dominée par les islamistes, fait l’objet de nombreuses critiques dans l’opposition et la société civile.

Le procureur général limogé

La décision de Mohamed Morsi est vue par l’opposition comme une menace pour la marche vers la démocratie de l’Égypte. Mohamed ElBaradei, l’un des principaux opposants au président, a dénoncé sur Twitter un "coup majeur à la révolution, qui pourrait avoir des conséquences terribles". "Morsi a usurpé tous les pouvoirs de l’État et s’est lui-même nommé pharaon de l’Égypte", a-t-il ajouté, attribuant à Mohamed Morsi un qualificatif autrefois employé pour désigner Hosni Moubarak.

"Aujourd'hui, Morsi a usurpé tous les pouvoirs de l'État et s'est lui-même nommé pharaon de l'Égypte. Un coup majeur à la révolution, qui pourrait avoir des conséquences terribles".

Mohamed Morsi a en outre demandé de "nouveaux jugements" dans des affaires de meurtres de manifestants pendant la révolution. De quoi faire planer une menace sur certains hauts responsables de l’armée ou de la police, voire un nouveau procès pour Hosni Moubarak. Le président égyptien a aussi limogé le procureur général, Abdel Meguid Mahmoud, nommé sous Moubarak, et l’a remplacé par Talaat Ibrahim Abdallah pour une durée de quatre ans.

Manifestations rivales au Caire

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"C’est un coup d’État contre la légalité", a de son côté lancé Sameh Achour, chef du syndicat des avocats, appelant "tous les Égyptiens à protester vendredi sur toutes les places d’Égypte". Un rassemblement est notamment prévu place Tahrir, épicentre de la révolution de janvier-février 2011, au centre du Caire.

Dans le camp de Mohamed Morsi, la riposte s’organise. Les Frères musulmans ont appelé à un rassemblement après la prière de midi, devant le palais présidentiel. Quant au principal intéressé, il pourrait prononcer un discours dans la journée afin de défendre ses décisions.