La crise s’aggrave. En Égypte, l’armée a déployé des chars devant le palais présidentiel, après une nuit de heurts entre partisans et adversaires du président Mohamed Morsi. Il s’agit des pires violences depuis l’élection du président égyptien.
Les faits. Jeudi matin, l’armée égyptienne a déployé des chars devant le palais présidentiel, où de nombreux islamistes ont passé la nuit, dans des tentes ou enroulés dans des couvertures. Elle s'est engagée à ne pas avoir recours à la force contre les manifestants, qu'elle a sommé de quitter les lieux. Mohamed Morsi a prévu de s'adresser aux Égyptiens jeudi et devrait à cette occasion tendre la main à l'opposition, selon son entourage.
Les affrontements se sont produits aux abords du palais présidentiel :
Pendant la nuit de mercredi à jeudi, des affrontements avaient éclaté entre pro et anti-Morsi, faisant au moins cinq morts et 350 blessés. Les manifestants avaient des bâtons et des cocktails molotov. Des jets de pierres ont aussi eu lieu pendant toute la nuit et des coups de feu ont été entendus.
La situation sur place. Sur l’emblématique place Tahrir, les manifestants ne décolèrent pas. "C’est la place qui a fait chuter Moubarak, qui a donné la légitimité à Morsi, et aujourd’hui, la place dit à Morsi qu’il doit partir", confie Djamila au micro d’Europe 1. Un autre estime que tout ce que fait Morsi, c’est "travailler pour garder le pouvoir, lui et sa communauté. Tout ce qu’il faut réparer, imaginer, planifier, ce n’est pas important pour lui". Sur la place, des manifestants retrouvent même les accents de la révolution, scandant "Morsi va-t-en, Morsi dégage", la formule qui visait Hosni Moubarak il y a encore quelques mois.
Les raisons de la colère. L’opposition estime que Mohamed Morsi est en pleine dérive autoritaire. Le président, issu des Frères musulmans, a en effet annoncé le 22 novembre un décret étendant ses pouvoirs et le plaçant au-dessus de tout contrôle judiciaire. Les opposants à Mohamed Morsi protestent également contre la tenue, le 15 décembre, d’un référendum sur un projet de Constitution, qui n’offre selon eux que peu de garanties pour les libertés d’expression et de religion et ouvre la voie à une application plus étendue de la loi islamique.
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