Est-ce le premier pas vers un procès d’Hosni Moubarak ? Selon un rapport accablant, le président égyptien déchu a été complice des violences meurtrières contre les manifestations anti-régime, a déclaré mardi le juge Omar Marwane, membre d'une commission d'enquête.
Usage disproportionné de la force
Selon ce rapport extrêmement documenté - il regroupe plus de 17.000 auditions et témoignages - 846 civils ont été tués au cours de ces mouvements de protestation. La commission d’enquête pointe du doigt l’usage disproportionné de la force en s’appuyant sur plus de huit photos et vidéos. Des documents sur lesquels on voit agir les hommes de l’unité anti-terroriste, directement rattachés au service de sécurité de l’Etat.
Ces hommes auraient tiré à balles réelles sur les manifestants, souligne le rapport. "Ce qui est confirmé est que (pour utiliser des balles réelles contre les manifestants) il est nécessaire d'avoir au préalable l'autorisation de Moubarak. Les tirs ont duré plusieurs jours, et leurs auteurs n'ont pas été tenus pour responsables", a dit Omar Marwane. "Cela confirme son implication et sa responsabilité", a-t-il souligné. Le rapport précise que la plupart des morts ont été atteints à la tête et à la poitrine, ce qui indique que le régime a aussi eu recours à des snipers.
"On a bien vu les snipers"
Des révélations qui n’ont pas surpris les habitants du Caire. Pour les Egyptiens ce n’est qu’une simple confirmation. "Les résultats de ce rapport ne sont pas une surprise", confie Ahmed, interrogé sur Europe 1. "On a bien vu les snipers tirer sur des bâtiments gouvernementaux, cibler les têtes et les poitrines les manifestants", raconte-t-il, précisant que "tirer à balles réelles, ce n’est pas un ordre qui vient de n’importe qui, c’est un ordre qui vient du haut du pouvoir".
"On sait que ça vient de Moubarak lui-même" :
Le procureur général dispose maintenant d’une liste de quelques dizaines de noms de responsables égyptiens accusés d’être impliqués. De son côté, Hosni Moubarak se trouve à l'hôpital international de Charm el-Cheikh, la station balnéaire sur la mer Rouge où il était en résidence surveillée. Il y a été placé en détention provisoire pour 15 jours dans le cadre d'une enquête sur la violente répression de la révolte. Il fait aussi l'objet d'une autre enquête pour corruption.