L'Egypte est entrée le week-end dernier dans l'ère du doute, avec deux évènements politiques aux dénouements toujours incertains. L'ancien chef d'Etat Hosni Moubarak serait tombé dans le coma, une nouvelle démenti quelques heures plus tard. Pressé par les manifestants, le gouvernement doit change de visage avec un remaniement lundi qui devrait concerner 80% des ministres.
Hosni Moubarak, des annonces contradictoires
Quel est l'état de santé de l'ex-raïs Hosni Moubarak à deux semaines de son procès ? La polémique fait rage en Egypte, après l'annonce d'informations contradictoires. Hosni Moubarak a été hospitalisé à la mi-avril, à Charm el Cheikh, station balnéaire des bords de la mer Rouge, après avoir été victime de problèmes cardiaques alors que la justice l'interrogeait.
Dimanche vers 19 heures, coup de théâtre : Hosni Moubarak est plongé dans "un coma profond", a annoncé son avocat . "J'ai été informé de la détérioration soudaine de l'état de santé d'Hosni Moubarak et je suis en chemin pour Charm el Cheikh. Tout ce que je sais, c'est que le président se trouve dans un coma profond", a déclaré le représentant légal de l'ex-chef d'Etat, Farid el Dib.
Trente minutes plus tard, l'hôpital où se trouve l'ancien président égyptien démentait l'information, le directeur de l'hôpital devant même répondre aux questions de la télévision nationale. Un peu plus tôt, un médecin du même hôpital avait confié qu'il n'était pas rare que l'ancien président égyptien tombe dans le coma, précisant que son état n'avait pas évolué. Les Egyptiens, eux, doutent, les plus sceptiques allant jusqu'à y voir une manœuvre pour éviter un nouveau procès.
Vaste remaniement gouvernemental lundi
Mais la perspective du procès d'Hosni Moubarak ne suffit visiblement pas à apaiser les Egyptiens, qui défendent bec et ongles l'héritage de la place Tahrir, lieu-symbole du Caire où se massaient les protestataires jusqu'à la chute partielle du régime. Réclamant la mise à l'écart de personnalités jugées proches de l'ancien pouvoir, les manifestants ont réinvesti la place depuis une dizaine de jours.
Pressé par la rue égyptienne, le Premier ministre égyptien Essam Charaf a changé dimanche de ministre des Affaires étrangères. Plus de la moitié du gouvernement a été remaniée, avec au moins 15 ministres remplacés, dont ceux des Affaires étrangères, des Finances, du Commerce et de l'Industrie. Le ministre de l'Intérieur Mansour el Essaoui devrait conserver son poste après avoir annoncé la semaine dernière un large renouvellement de la hiérarchie de la police, vivement critiquée pour sa répression des manifestations hostiles à Hosni Moubarak en début d'année.
L'armée de plus en plus critiquée
Le gouvernement de Essam Charaf, sous tutelle des militaires, est chargé de gérer la transition jusqu'aux élections législatives qui doivent avoir lieu en octobre ou novembre. Une partie de la population accuse le pouvoir de faire traîner les réformes démocratiques et sociales promises. De nombreux Egyptiens lui reprochent également de manquer de fermeté pour faire juger les dignitaires de l'ancien régime et les policiers responsables de la répression au cours du soulèvement de janvier-février, qui a fait officiellement près de 850 morts.