Il y a eu foule lundi dans les bureaux de vote. Quelque 17,5 millions d'Egyptiens devaient participer aux élections législatives, première grande étape de la transition démocratique depuis la chute du président Hosni Moubarak le 11 février dernier. La première phase de ce scrutin, prévu jusqu'au 11 janvier, a été maintenue et ce malgré les manifestations place Tahrir. Elle s'est déroulée, jusque là, sans incident majeur.
La participation au scrutin était élevée. Au bout de quelques heures, elle était supérieure aux attentes, a dit le chef de la commission électorale, sans être plus précis cependant. Mais au point que le Conseil suprême des forces armées au pouvoir a prolongé de deux heures les opérations de vote.
"Nous sommes très heureux d'être là et de participer aux élections. Avant, quel était l'intérêt ?", a raconté Ouafa , 55 ans, qui participait pour la première fois à des législatives. "C'est la première élection réelle en 30 ans", s'est réjoui également Oualid, ingénieur de 34 ans qui a voté à Alexandrie.
"C’est vraiment beau. On a fait l’Histoire"
"C’est quelque chose de nouveau pour tous les Égyptiens. Ça nous rend très fiers", a encore insisté un jeune manifestant de la place Tahrir au micro d'Europe 1. "Que les Egyptiens respectent les rangs, c’est quelque chose de nouveau. Que l’on se lève très tôt le matin pour aller voter, c’est quelque chose de nouveau. Qu’on discute amicalement avant de voter et qu’on échange des opinions, c’est quelque chose de nouveau pour les Egyptiens. C’est vraiment beau. On a fait l’Histoire. Toute ma génération a une grande voix aujourd’hui", conclut-il.
"On a fait l'Histoire" :
Un vote dans le calme
Aucun problème particulier n'a été signalé depuis l'ouverture des bureaux de vote. Les opérations se sont déroulées sous la surveillance de militaires et policiers. Une seule bagarre a été signalée, éclatant entre électrices dans un bureau de vote d'Alexandrie qui avait ouvert en retard en raison de l'absence de bulletins de vote.
Les électeurs doivent élire les 498 représentants de la chambre basse. Ces législatives seront suivies en mars par l'élection de la chambre haute du parlement, elle-même divisée en trois phases.
Le maréchal Hussein Tantaoui, conspué depuis plus d'une semaine par des milliers de manifestants, a appelé dimanche les Egyptiens à voter massivement "afin de faire émerger un Parlement équilibré qui représente toutes les tendances". Les Frères musulmans et d'autres partis islamistes, qui abordent le scrutin avec de fortes espérances, se sont tenus à l'écart des dernières manifestations. Force politique la mieux structurée du pays mais longtemps confinée dans l'illégalité, les Frères musulmans comptent néanmoins en sortir grands vainqueurs.
Ils ont face à eux des dizaines de partis salafistes (fondamentalistes musulmans), libéraux ou de gauche, le plus souvent récents et encore mal implantés. De nombreux élus de l'ancien parti du président Hosni Moubarak, aujourd'hui interdit, tentent également leur chance comme indépendants ou sous des bannières politiques nouvelles.