Plus que jamais, l'Égypte est divisée et les mouvements islamistes ne font pas exception. Car pendant que les Frères musulmans, dont est issu le président déchu Mohamed Morsi, ne décolèrent pas, les salafistes d’al-Nour espèrent bien tirer leur épingle du jeu. Ils l’assument clairement, au micro d’Europe 1 : "nous sommes en concurrence avec les Frères musulmans".
Aucune différence sur le plan religieux. Entre al-Nour et le Parti de la justice et de la liberté, la branche politique des Frères musulmans, il n’existe pourtant aucune différence sur le plan religieux : les deux mouvements sont pour l’application de la charia. Al-Nour, créé en 2011 après la chute d’Hosni Moubarak, défend une vision très puritaine de l’islam. Lors de la rédaction de la Constitution, le parti était allié des Frères musulmans.
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Les raisons du divorce. Mais face à la grogne montante contre Mohamed Morsi, al-Nour s’est progressivement détaché de la confrérie, finissant par soutenir la destitution du président. Un choix "pas cohérent", estime au micro d’Europe 1 un porte-parole des Frères, pour qui al-Nour a été "utilisé pour que le coup d’État réussisse". "Ils sont la caution islamiste du nouveau pouvoir", assurent les Frères, qui n’accepteront "jamais" d’entrer dans ce gouvernement de transition. "On refuse pour une raison toute simple : ils n’ont pas été élus démocratiquement. Ce gouvernement n’est rien d’autre qu’un gouvernement issu d’un coup d’Etat et le seul président que nous reconnaissons ici, c’est Mohamed Morsi".
Al-Nour voulait "sauver l’Égypte". Al-Nour, de son côté, reproche aux Frères musulmans de ne pas avoir écouté l’opposition et de ne pas avoir provoqué d’élections anticipées. "Nous avons réagi par patriotisme et par obligation religieuse", pour "sauver l’Égypte", assure à France 24 le secrétaire général du parti, Jalal Morah. Le parti est le seul mouvement islamiste à avoir adhéré à la "feuille de route" des militaires, même s’il a suspendu sa participation à la transition après le massacre d’une cinquantaine de pro-Morsi, lundi.
"Nous sommes en position de force". Al-Nour pense surtout aux prochaines élections et ne juge pas impossible de devenir "le premier parti islamiste d’Égypte". "Nous sommes en position de force. Aux dernières élections, l’ensemble des partis islamistes ont recueilli 65% des voix au total", souligne un porte-parole du parti. "Oui, nous espérons récupérer les déçus de Morsi", assure-t-il, ajoutant : "nous pensons être capables de gérer le pays". En attendant, les porte-paroles du mouvement se contentent de quelques phrases clés, car al-Nour n’a pas encore réfléchi à un programme politique précis.