Il est le premier président d’Égypte à ne pas sortir des rangs de l'armée. Le Frère musulman Mohamed Morsi a été officiellement investi samedi à la tête du pays le plus peuplé du monde arabe. Il devra néanmoins composer avec le Conseil suprême des forces armées dont les pouvoirs sont accrus depuis la dissolution de la chambre des députés, mi-juin.
"Je jure par Dieu tout-puissant de préserver le système républicain, de respecter la Constitution et la loi, de protéger entièrement les intérêts du peuple et de préserver l'indépendance de la nation et la sûreté de son territoire", a déclaré Mohamed Morsi devant la Haute Cour constitutionnelle. "Aujourd'hui, le peuple égyptien a posé les bases d'une vie nouvelle, d'une liberté totale, d'une vraie démocratie", a-t-il ajouté.
Président de "tous les Égyptiens"
Après avoir prêté serment devant la Haute Cour constitutionnelle, le nouveau chef de l'Etat a livré son premier discours dans l'enceinte de l'université du Caire. Mohamed Morsi s'est de nouveau engagé à être le président de tous les Egyptiens, musulmans comme chrétiens, et à garantir "liberté, justice et dignité humaine" à la population. "Nous travaillerons ensemble à encourager l'investissement et à ramener le tourisme", a-t-il aussi promis.
Le nouveau président, dont les prérogatives ont été limitées par une "Déclaration constitutionnelle complémentaire" adoptée il y a deux semaines par l'armée, a salué le CSFA pour "avoir tenu sa promesse (..) de ne pas être une alternative à la volonté populaire". Mais dorénavant, "les institutions élues vont reprendre leur rôle et la grande armée égyptienne reviendra à sa mission de protection de la sécurité et des frontières du pays", a-t-il ajouté devant des centaines de personnes, dont le maréchal Hussein Tantaoui, chef du CSFA et ministre de la Défense de Hosni Moubarak pendant 20 ans.
De larges prérogatives de l'armée
Mais la cohabitation s'annonce délicate avec le Conseil militaire, qui a récupéré le pouvoir législatif après la dissolution mi-juin, sur décision judiciaire, de la chambre des députés dominée par les islamistes. Les généraux gardent un droit de veto sur toute nouvelle loi ou mesure budgétaire qui n'aurait pas leur agrément et se réservent aussi droit de regard sur la rédaction de la future Constitution, pierre angulaire du partage des pouvoirs à l'avenir.
"Un message de paix au monde"
Mohamed Morsi a aussi adressé un message à la communauté internationale, inquiète de la sécurité dans la région. "Nous sommes porteurs d'un message de paix au monde", a-t-il insisté. "Nous soulignons l'engagement de l'Etat égyptien à honorer ses traités et ses accords internationaux. Les Égyptiens n'exporteront pas la révolution. Nous ne nous ingérerons pas dans les affaires de pays tiers (...) et nous n'autoriserons personne à s’immiscer dans les nôtres".
Le président a aussi déclaré que l'Egypte soutenait les "droits légitimes" des Palestiniens et voulait l'arrêt de "l'effusion de sang" en Syrie.