Hosni Moubarak, l'ancien président de l'Egypte, a bien été condamné samedi, mais seulement à de la prison à perpétuité et, surtout, sa garde rapprochée a bénéficié de sanctions très légères au regard des attentes de la rue égyptienne. Résultat, des milliers d'habitants du Caire sont redescendus dans la rue samedi pour protester et ont repris la très symbolique place Tahrir.
Ce coup de pression a en partie porté ses fruits puisque dimanche le procureur général d'Egypte "a ordonné d'entamer les procédures d'appel". Il n'a toute fois pas été précisé si ces appels visaient toutes les décisions de justice rendues samedi, ou seulement les acquittements.
Moubarak condamné mais...
La justice a condamné samedi l'ancien président et son ministre de l'Intérieur Habib el-Adli à la prison à vie, alors que le procureur avait requis la peine capitale. Outre cette condamnation en deçà des attentes des Egyptiens, la justice a été d'une grande mansuétude envers l'entourage de l'ancien Raïs.
Le tribunal a en effet acquitté six anciens hauts responsables de la sécurité eux aussi jugés pour la mort de 850 personnes durant la révolte contre le régime Moubarak début 2011. Les deux fils de l'ex-président, Alaa et Gamal, ont vu les accusations de corruption qui pesaient sur eux déclarées prescrites par la cour, et n'ont pas été condamnés. Face à l'indignation des Egyptiens, le procureur général d'Egypte a donc annoncé qu'il allait faire appel.
"De retour à l'époque de l'ancien régime"
"Beaucoup de gens ont eu le sentiment en écoutant le verdict que nous étions de retour à l'époque de l'ancien régime", estimait sur la place Tahrir un étudiant, Feda Essam. Les Égyptiens n'ont donc pas tardé à redescendre dans la rue dès l'annonce du verdict pour prendre la direction de la très symbolique place Tahrir, dans le centre du Caire. Ils ont été jusqu'à 20.000 samedi soir et certains ont même installé des tentes pour occuper les lieux.
Plusieurs centaines de manifestants étaient toujours sur place dimanche matin, bien décidé à faire entendre leur mécontentement. "Nous comptons bien rester aujourd'hui et peut-être demain. Nous attendons beaucoup plus de monde dans la journée", a espéré un jeune manifestant, Omar Abdelkader.
Les manifestants ont érigé un petit mémorial reproduisant un cimetière en miniature avec des tombes de pierre et de sable en hommage aux "martyrs" tombés sur la place durant la révolte contre Hosni Moubarak. Sur une banderole, on pouvait lire: "Martyrs, au nom de votre sang nous aurons une nouvelle révolution".
Le dauphin de Moubarak pris à parti
De plus, des locaux du candidat à la présidentielle Ahmad Chafiq, dernier Premier ministre de Moubarak, ont été attaqués dans deux villes de province dans la nuit de samedi à dimanche. Un groupe d'inconnus a envahi le QG à Fayyoum, au sud du Caire, avant d'y mettre le feu, tandis qu'à Hourghada, sur la mer Rouge, les locaux ont été saccagés et les vitres brisées, a affirmé un responsable des services de sécurité.