LE PLAN. Une nouvelle fois, le sort de l'Égypte pourrait retomber entre les mains de l’armée. Déjà pilier du régime d’Hosni Moubarak et de la transition après le printemps arabe de 2011, les militaires égyptiens ont lancé leur ultimatum de 48 heures qui est déjà arrivé à expiration mercredi après-midi. Le président Mohamed Morsi a martelé mardi soir qu’il refusait tout départ anticipé et a appelé mercredi à un "gouvernement de coalition et de consensus" pour régler la crise. L’armée, elle, assure ne pas préparer de "coup" d’État, et a déjà prévu une "feuille de route", qui ressemble fortement à celle mise en place après la chute de Moubarak en février 2011. En voici les grandes lignes.
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Une nouvelle Constitution. L’armée prévoit une suspension de la Constitution votée en décembre 2012, indique mardi le quotidien Al-Ahram, quotidien propriété de l’État égyptien. Pour les opposants à Morsi, ce texte ouvre la voie à une islamisation de la loi. Une nouvelle loi fondamentale, plus nuancée vis-à-vis de la religion, devrait être rédigée par des experts. Ils devraient tenir compte "des exigences des différentes composantes du peuple avant d’être soumise à référendum". La nouvelle Constitution devrait en outre être approuvée par la plus haute instance religieuse sunnite du pays, Al-Azhar.
Un Conseil présidentiel pour diriger le pays. Un "Conseil présidentiel de trois membres", sous la direction du président de la Cour suprême constitutionnelle, serait chargé d’administrer le pays pendant une période transitoire allant de "neuf mois à un an". Il s’agit d’une revendication du mouvement d’opposition Tamarrod, à l’origine des manifestations monstres contre Mohamed Morsi. Un "gouvernement intérimaire sans appartenance politique" devrait également être formé pour la période de transition... sous la "direction d’un des chefs de l’armée". L’armée serait chargée de "superviser" la préparation de nouvelles élections, "afin d’assurer leur mise en œuvre en toute impartialité". Un dispositif qui rappelle celui mis en place après la chute de Moubarak en février 2011 : l’armée avait alors pris les rênes de l’exécutif, pour une période d’intérim très controversée, jusqu’à l’élection de Mohamed Morsi en juin 2012.
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Des Frères musulmans "sous contrôle". Les personnes s’opposant à ce plan pourraient être placées "en résidence surveillée", puis "soumis aux tribunaux", prévient le quotidien gouvernemental. Quant aux Frères musulmans, dont est issu Mohamed Morsi, l’armée s’est assurée de les placer "sous contrôle". Al-Ahram évoque notamment des "résidences surveillées" et des "avoirs bloqués". Un grand nombre de membres de l’organisation et de sa vitrine politique, le Parti de la liberté et de la justice (PLJ), n’auraient en outre pas le droit de quitter l’Égypte.