Egypte : le vrai faux départ de Moubarak

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avec Sébastien Krebs et agences , modifié à
Accueil mitigé en Egypte, où le président a transféré ses pouvoirs et abrogé l’état d’urgence.

“Je m’adresse aujourd’hui à la jeunesse du pays, aux manifestants de la place Tahrir“. C’est par ces mots que le président égyptien Hosni Moubarak a entamé son discours télévisé, jeudi soir, se présentant notamment comme “le père de la nation“. Mais quel rôle entend jouer Hosni Moubarak jusqu’à la prochaine élection présidentielle ? Si le président égyptien a délégué jeudi soir le pouvoir effectif au vice-président Omar Souleimane, il a en revanche annoncé rester à son poste jusqu’en septembre.

Une décision qui n’a visiblement pas satisfait les 200.000 manifestants de la place Tahrir, qui demandaient le départ immédiat d’Hosni Moubarak.

Accueil très mitigé sur la place Tahrir

Mais ces annonces n’ont pas satisfait les manifestants, furieux que le président ne démissionne pas. Scandant "A bas Moubarak! dégage, dégage!", certains ont même brandi des chaussures en signe de colère, une insulte dans les sociétés arabes.

"L'armée avait vraiment laissé croire aux gens que c'était possible et ils l'attendaient", témoigne Marie, une Français installé au Caire depuis cinq ans, avant d'ajouter : "on sent une réelle énergie qui monte, ils sont déçus".

"Il y a eu vraiment une fausse joie", raconte Marie :

Les concessions annoncées

Hosni Moubarak a pourtant lâché du lest sur plusieurs points, promettant d’abroger cinq articles de la Constitution. Une annonce synonyme de suppression de l’article accordant des pouvoirs spéciaux en cas de terrorisme, mais aussi de la fin de l’état d’urgence, instauré depuis plus de trente ans. Le président égyptien a également promis d’inscrire dans la Constitution une limitation du nombre de mandats présidentiels.

“Jeunes de l’Egypte, rentrez chez vous

Mais Hosni Moubarak n’a pas clarifié la répartition des rôles entre lui et le vice-président Omar Souleimane. Bien que ce dernier lui ait rapidement emboîté le pas à la télévision, il n’a pas apporté plus de précisions, se contentant de faire passer un seul et unique message : “Aux jeunes de l’Egypte, rentrez chez vous“.

“N’écoutez pas les radios et télévisions intéressées, qui n’ont d’autre but que d’affaiblir l’Egypte“, a ajouté le vice-président. Un message qui fait craindre une intervention plus musclée de l’armée si les manifestants ne délaissent pas la rue. L'opposant égyptien Mohammed ElBaradei a lui aussi exprimé son pessimisme, écrivant jeudi soir sur le site de micro-blogs Twitter : "L'Egypte va exploser. L'armée doit sauver le pays maintenant".

Les Etats-Unis restent en veille

En annonçant “refuser les diktats de l’étranger“, Hosni Moubarak n’a par ailleurs pas faciliter la tâche aux Américains, qui espéraient "le changement", laissant deviner leur préférence pour un départ du président dès jeudi soir.