C'était la première élection présidentielle libre de l'histoire de l'Egypte. Une élection dont le résultat est contesté. Les Frères musulmans en Egypte ont revendiqué lundi la victoire de leur candidat Mohammed Morsi. Mais le camp du candidat Ahmad Chafiq, dernier chef du gouvernement d'Hosni Moubarak, a déjà critiqué cette annonce. Et les accusations de "coup d'Etat" fusent.
Chaque camp revendique la victoire
"Le docteur Mohammed Morsi est le premier président de la république élu par le peuple", a affirmé sur son compte Twitter le Parti de la liberté et de la justice (PLJ), bras politique des Frères musulmans. La confrérie islamiste affirme que son candidat est arrivé en tête avec 52,5% des suffrages contre 47,5% à l'ancien Premier ministre d'Hosni Moubarak - après dépouillement des bulletins dans près de 98% des bureaux de vote et en tenant compte du vote des Egyptiens à l'étranger dont les résultats ont été compilés ces derniers jours.
A l'annonce du résultat, Mohammed Morsi a remercié lors d'une allocution dans son QG ceux qui ont voté pour lui et s'est engagé à travailler "main dans la main avec les Egyptiens pour un avenir meilleur, pour la liberté, la démocratie et la paix". Il a aussi promis de "servir tous les Egyptiens" quelles que soient leur obédiences politiques ou religieuses.
Mais dans le camp opposé, on se dit "stupéfait par la conférence de presse des Frères musulmans qui constitue une violation des règles établies par la commission électorale". "La commission est la seule autorité habilitée à annoncer les résultats et de toute façon, notre propre comptage des voix montre jusqu'à présent que nous sommes en tête avec 52% des voix mais nous refusons d'enfreindre les règles et de publier des chiffres pour le moment", a déclaré le responsable des relations avec la presse d'Ahmed Chafik.
Pas de résultat officiel avant le 21 juin
Les bureaux de vote ont fermé leurs portes à 22 heures, soit deux heures plus tard que prévu afin de favoriser la participation. Quelque 50 millions d'électeurs étaient appelés à voter. Le dépouillement a commencé aussitôt après et les résultats officiels doivent être annoncés le 21 juin par la Commission électorale. A l'issue du premier tour, les 23 et 24 mai, il avait fallu attendre plusieurs heures avant d'avoir un résultat.
Révolutionnaires, libéraux et islamistes crient au "coup d'Etat"
Samedi, le Conseil suprême des forces armées (CSFA), le gouvernement militaire qui dirige le pays depuis le départ du président Moubarak en février, a annoncé samedi la dissolution de l'Assemblée. Cette décision de la Haute cour constitutionnelle avait été perçue par les révolutionnaires et les islamistes comme la preuve de la volonté des militaires et des élites de l'ancien régime de se maintenir au pouvoir.
Mohamed Hussein Tantaoui qui dirige le CSFA est accusé d'avoir trahi la confiance d'un pays et d'agir comme celui qu'il a servi pendant vingt ans.
Remettre véritablement le pouvoir aux civils et limiter les privilèges accumulés par l'armée depuis soixante ans ne semblent guère à l'ordre du jour du CSFA, au lendemain du scrutin présidentiel. De fait, même si les Egyptiens se sont choisis un président, le Conseil suprême des forces armées a déjà restreint ses attributions en publiant un décret qui lui accorde des prérogatives limitées. Une décision qui est apparue aux yeux de beaucoup d'Egyptiens comme un coup d'Etat militaire qui ne dit pas son nom.
La cérémonie de transmission du pouvoir entre le CSFA et le nouveau président égyptien élu aura lieu fin juin, ont annoncé dimanche les généraux pour calmer le jeu.