En Egypte, la télévision est aussi un champ de bataille. Les débats politiques et émissions se multiplient ces derniers jours avant le début, samedi, du référendum sur la Constitution défendue par le président Mohamed Morsi mais vilipendée par l'opposition. Il existe des chaînes qui soutiennent le président et celles qui sont ouvertement contre. Avec en toile de fond, le pouvoir qui tire des ficelles.
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On TV, par exemple, diffuse un clip contre le président élu, issu des Frères musulmans, dans lequel "le voter non" est rabâché à longueur de journées. Mais à la télévision publique, la situation est bien différente. Dans un café, loin de sa rédaction, une journaliste de la chaîne télévision nationale, interrogée par Europe 1, affirme d'emblée : "je ne suis pas libre". Elle reçoit des consignes qui arrivent directement du ministère. "J'ai des coups de téléphone, des appels à l'oreillette : 'fais attention à ce que tu dis, surveille un peu ton langage'. Je reçois des menaces aussi me disant : 'attention, vous allez avoir de sacrés problèmes'. Ils veulent avoir un contrôle de tout", assure-t-elle.
Le traitement médiatique des deux camps pro ou anti-constitution, qui s'opposent sur ce projet, est devenu inégal, selon cette journaliste. "Quand vous avez eu la manifestation des Frères musulmans, la télévision égyptienne a mis à disposition des hélicoptères pour tourner des images. Quand il y a eu la manifestation qui était contre Mohamed Morsi, il n'y avait pas d'hélicoptère en train de filmer", affirme-t-elle avant d'ajouter : "au temps d'Hosni Moubarak (l'ancien président déchu lors de la révolution, ndlr), c'était moins sévère qu'aujourd'hui".
Des "listes noires"
Il existe aussi, des "listes noires", dit-elle, avec les noms des journalistes à bannir. Ceux qui ne suivent pas les directives sont tout simplement privés d'antenne et poursuivis en justice.