Après une nuit de liesse pour fêter le départ d'Hosni Moubarak, l'Egypte s'est réveillée samedi dans une nouvelle ère. Les militaires, qui ont pris les rênes du pays, ont promis "une transition pacifique", ainsi que le "respect des traités internationaux".
La place Tahrir encore occupée
Samedi, lorsque le muezzin a appelé à la prière du matin, le concert de klaxons qui avait retenti toute la nuit a repris de plus belle dans les rues du Caire. Alors que d'ordinaire, les rues de la capitale sont vides le samedi, laissées aux cars de touristes qui viennent visiter le musée du Caire, c'est encore l'embouteillage. Des Cairotes se prennent en photo au côté de soldats souriants sur la place Tahrir et aux alentours.
Point de ralliement durant toute la contestation, la place centrale du Caire est encore occupée. On y vient en pèlerinage mais aussi pour nettoyer.
L'armée au pouvoir
L'armée, qui a pris directement les rênes du pays via un conseil militaire, n'a guère donné de détails sur la "phase de transition" qui vient de s'ouvrir, ni sur le calendrier électoral. Ce Conseil suprême des forces armées, dirigé par le ministre de la Défense Mohamed Hussein Tantaoui, a promis de "réaliser les espoirs de notre grand peuple".
Dans son "communiqué numéro 4", le conseil suprême des forces armées a annoncé que le gouvernement nommé quelques jours avant le départ de Moubarak restait en place provisoirement pour assurer la gestion des affaires courantes. Il a également promis une "transition pacifique" vers "un pouvoir civil élu", assurant que l'Egypte respecterait les traités "régionaux et internationaux" qu'elle a signés.
Une allusion directe à Israël, l'Egypte étant le seul pays arabe, avec la Jordanie, à avoir signé un traité de paix avec l'Etat hébreux. Le président américain Barack Obama a "salué" samedi la promesse faite par l'armée égyptienne d'une transition pacifique vers un pouvoir civil élu, et réaffirmé son admiration pour les efforts des Egyptiens.
Couvre-feu allégé
Sur le plan judiciaire, le procureur général a interdit à l'ancien Premier ministre Ahmad Nazif et à l'actuel ministre de l'Information Anas el-Fekki de quitter le pays "au vu des plaintes déposées contre eux", sans plus de précision sur ce qui leur était reproché. La télévision publique a annoncé peu après la démission de M. Fekki.
Malgré l'euphorie et l'incertitude, la vie reprenait son cours. Le couvre-feu a été allégé : il débutera désormais à minuit au lieu de 20 heures, et durera jusqu'à 6 heures. La Bourse du Caire, fermée depuis le 27 janvier, doit rouvrir mercredi, a annoncé la télévision d'Etat.