La victoire de Mohamed Morsi à la présidentielle égyptienne a conduit des milliers de partisans à célébrer l’événement, dimanche, sur l’emblématique place Tahrir du Caire.
Toutefois, l’arrivée à la tête du pays d’un Frère musulman provoque aussi l’inquiétude chez de nombreux Egyptiens. Notamment chez ceux qui ont lutté l’an dernier pour obtenir la chute d’Hosni Moubarak.
"Les bons Egyptiens et les mauvais Egyptiens"
C’est le cas de la cinéaste Tahani Rached. Dimanche, elle n’est pas allée fêter la victoire de Mohammed Morsi, déclaré finalement vainqueur contre Ahmed Chafiq, l’ancien Premier ministre d’Hosni Moubarak, considéré comme le candidat de l’ancien régime.
"Je n’ai pas confiance dans les Frères musulmans. Ce que je crains, c’est que tout à coup il y ait des bons Egyptiens et des mauvais Egyptiens : les bons Egyptiens qui sont musulmans et les pas bons Egyptiens qui sont chrétiens. C’est ce genre de chose que je ne souhaite surtout pas qu’il se passe en Egypte", confie à Europe 1 la cinéaste engagée.
"Les profiteurs de la révolution"
Même inquiétude chez le blogueur Alam Wassef. Lui aussi a foulé les pavés de la place Tahrir en 2011. Et il n’oublie pas qu’en novembre dernier, la confrérie des Frères musulmans, déjà engagée dans la conquête du pouvoir, avait laissé seuls face aux balles de l’armée les jeunes manifestants qui réclamaient des élections libres.
"J’ai fait une révolution pour des libertés individuelles. Les Frères musulmans ne sont pas les candidats des libertés individuelles. Il y a une dynamique révolutionnaire dont les Frères musulmans ne sont pas les représentants. Ils en sont les profiteurs", analyse-t-il au micro d’Europe 1.
Pas question dès lors, pour ces révolutionnaires, d’abandonner le combat.