La guerre des images bat son plein entre les pro et anti-Morsi, depuis le massacre de mercredi.
C'est un flot d’images, venues du Caire principalement, qui inonde le web depuis deux jours. Des images de civils blessés par balles, de militaires ensanglantés, mais aussi d’hommes cagoulés armés de kalachnikov qui échangent des tirs, à balles réelles, avec l’armée. Difficile dans cette profusion d’images et de photos, dont on ne connait pas les auteurs, de savoir si elles ont été manipulées ou non. Chaque camp essaie de montrer sa réalité, sa vision des évènements de mercredi.
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Une femme seule face au bulldozer. Un cliché a particulièrement retenu l'attention des internautes. Il a été pris par un photographe de l’Agence France Presse et a beaucoup circulé sur Twitter. Sur ce cliché, on voit, une femme debout, de dos, la tête couverte d’un foulard. Elle fait face à un bulldozer qui avance vers elle dans une rue jonchée de sacs de gravats et de restes de barricades. Elle a le bras levé et semble lui demander de s’arrêter.
Quand on y regarde de plus près on s’aperçoit que derrière elle, il y a un homme couvert de sang, recroquevillé sur lui-même, qui git sur le sol. Il est en plein milieu du chemin du bulldozer, mais il ne peut pas se relever. En dessous du cliché, qui a été publié sur le blog de l’AFP, on peut lire que cette femme a réussi à stopper le bulldozer à seulement quelques mètres du blessé. L’homme, lui, a été emmené à l’hôpital. Et le photographe ajoute cette phrase : "on n’ose imaginer ce qui se serait passé si cette femme n’avait pas été là".
#EgyptianTiananmen. A peine posté sur Twitter, cette photo a été comparée à un autre cliché. Celui de ce jeune étudiant chinois, qui faisait face aux chars sur la place Tian’anmen en 1989 en Chine. Et puis, quelques instant plus tard, c'est le quotidien britannique, The Guardian, qui a lui aussi dressé un parallèle entre le massacre de mercredi et celui des étudiants chinois en 1989. Le journal dénonce, dans un édito posté, sur son site internet le point de non retour franchi par l’armée égyptienne. L’expression a ensuite été reprise par les internaute à travers le hashtag #EgyptianTianamen - le Tian’anamen Egyptien.
Un parallèle maladroit ? Mais certains internautes s’interrogeaient vendredi matin sur la pertinence de ce parallèle. Il y a d'un côté des étudiants chinois qui, vivant dans une dictature, réclament en 1989, l’instauration d’une démocratie. Et puis de l’autre côté, disent les internautes, il y a ces Egyptiens, pro-Morsi, qui demandent le retour de leur président, élu démocratiquement, mais qui appartient a un parti, les Frères Musulmans, qui prône, non pas l’état de droit, mais la charia.