Un an pile après la chute d'Hosni Moubarak, la tension n'est pas retombée en Egypte. Pour commémorer ce premier anniversaire, les mouvements de jeunes appellent à manifester dans toutes les villes. Ils reprochent à l'armée, désormais à la tête de l'Etat, de cadenasser le pouvoir et l'accuse de vouloir poursuivre sur le même chemin que l'ancien dictateur.
"Notre objectif est d'aller dans la rue et de franchir le mur du silence imposé sur les questions qui touchent l'armée", témoigne l'un des organisateurs. De nombreuses vidéos collectées par des activistes du collectif nommé "les militaires menteurs" montrent "ce qu'il se passe vraiment : les meurtres, la torture, les arrestations arbitraires orchestrés par la police ou l'armée", ajoute-t-il.
Le pouvoir lâche du lest
Face à ce flot de contestations, le pouvoir a lâché un peu de lest ces derniers jours. Le maréchal Hussein Tantaoui, chef du Conseil suprême des forces armées, a annoncé la fin partielle de la loi très décriée sur l'état d'urgence en vigueur depuis l'assassinat d'Anouar el-Sadate en octobre 1981.
Par ailleurs, la justice militaire a gracié près de 2.000 prisonniers, dont l'influent blogueur Maïkel Nabil, arrêté en mars et condamné à deux ans de prison pour avoir critiqué l'armée.
Soucieuse de redorer son image, l'armée a annoncé de nombreuses célébrations officielles et parades militaires pour le 25 janvier. Elle a appelé à "préserver l'esprit du 25 janvier qui avait unifié le peuple égyptien, hommes et femmes, jeunes et vieux, musulmans et chrétiens".
Les forces de sécurité ont multiplié les mises en garde contre "toute tentative de sabotage", un avertissement à peine voilé aux militants qui veulent relancer la contestation.
Les Frères musulmans, qui savourent un triomphe électoral impensable du temps d'Hosni Moubarak -47% des sièges aux récentes élections législatives- ont annoncé qu'ils célèbreraient le 25 janvier, mais sans réclamer une "deuxième révolution".